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La dissidence artistique venue de l'EsT

Dernière mise à jour : 30 avr. 2022

Si la dissidence ne concerne pas que des artistes, ceux-ci participent pleinement à ce mouvement composite et complexe à définir, dont les prémices se font sentir avec la déstalinisation, et qui émerge pleinement à partir des années soixante, tant en URSS que dans les démocraties populaires. La dissidence artistique reprend en partie les formes de contestation du pouvoir de la dissidence intellectuelle à laquelle est liée. En plus des samizdats ou des tamizdats (revues artistiques comme la Revue K en Tchécoslovaquie autour de Jiri Kolar), en plus du soutien aux hommes et aux femmes (et à leur famille) persécutés par le régime, se joignent des lettres ou des pétitions qu'on adresse pacifiquement aux régimes, qui répondent le plus souvent par la répression. Une partie d'entre eux seront d'ailleurs contraints à l'exil.

Etre un artiste dissident dans un régime communiste c'est d'abord et avant déconstruire les mythes que la propagande communiste veut mettre en avant. Cela s'accompagne souvent de revendications esthétiques éloignées des canons officiels. Les formes prises par cette dissidence, s'éloignent aussi des formes institutionnalisées par le pouvoir (celles notamment des expositions gérées par les Unions d'artistes ou d'autres instances institutionnelles) : expositions en plein air ou dans les appartements marquent ainsi pendant quelques années le paysage artistique dissident des régimes communistes. Si la dissidence reste complexe à définir, elle n'émerge en URSS, qu'à partir de la déstalinisation pour ne prendre sa forme définitive qu'à partir de l'ère Brejnev. Après le Dégel (qui connaît lui même des hauts et des bas, et reste de courte durée), on comprend que le régime refuse toute forme d'opposition qui peut être médiatisée, même s'il tolère celles qui subsistent dans les "cuisines" des appartements.


Elle est donc peu présente dans les expositions institutionnelles (L'exposition du Manège en 1962 en URSS est un bon exemple des tensions entre les courants artistiques : Khrouchtchev fait fermer la salle de l'avant-garde). Si le discours sur l'art est plus complexe et évolutif qu'une simple opposition entre "réalisme socialiste" et "avant-gardisme", il n'en est pas moins vrai que comme les écrivains et d'autres intellectuels, des artistes ne peuvent s'exprimer librement.

Ils trouvent alors des formes d'expression nouvelles : expositions en plein air, ou dans les appartements, qui deviennent ainsi de véritables galeries non institutionnelles.

Le cas d'Alexandre Gleser et d'Oscar Rabine, peut ainsi faire figure d'exemples, même si on ne peut parler d'une véritable organisation structurée de la dissidence artistique, même en URSS. En France, aux Etats-Unis et ailleurs en Occident, une partie des exilés deviennent aussi, avec parfois d'autres émigrés arrivés auparavant (Dina Vierny), les promoteurs des oeuvres des artistes de la dissidence (Alexandre Gleser).


Les étudiants ont choisi d'explorer cette thématique en travaillant sur des figures connues (Doina Cornea, Oscar Rabine) ou moins connues en France, comme celle de Toyen (même si l'exposition de mars à juillet 2022 au Musée d'art moderne de la ville de Paris la met en avant) ou de Vladimir Titov.

Styrsky et Toyen vers 1928, page d'une revue tchécoslovaque, ©Pickryl Doina Cornea, photographie, années 1980, ©Ferenc Csomafay ©Wikimedia Commons

Toyen : dissidences politiques, dissidences de genre


Marie Cerminova est l’incarnation des dissidences. Née à Prague, elle traverse les mondes révolutionnaires des années 1920, les crises des années 1930, la grande déception socialiste de l’après-guerre. Réfugiée à Paris peu avant le Coup de Prague, elle continue dans l’exil sa trajectoire révolutionnaire, en-dehors des courants et des partis. Sa dissidence du communisme et du surréalisme se superpose à sa dissidence du genre féminin et en fait une figure anarchiste européenne majeure.


HLUSEK Peter, MISSONIER-PIERA Alicia, PALICA Vlad, RENNUIT Gabrielle, TRONCY Clara


Toyen, « Les Danseuses », 1925, ©© Galerie nationale de Prague, DR.

Toyen, « Femme magnétique », 1934 ©© hamburger-kunsthalle.de, DR.

Toyen, « Cache-toi, guerre ! », 1944 ©© mutualart.com, DR.

Toyen, « Dans le château », 1943 ©© Pinterest, DR.

Toyen, « Le mythe de la lumière », 1946, ©© ADAGP Paris, DR.

Oscar Rabine ou la dissidence perpétuelle de l’Art


Peintre non-officiel de la Seconde Vague, symbole de la dissidence artistique en Union Soviétique, Rabine sera vite privé de sa citoyenneté. Son histoire envoie un message clair : l’art dérange le politique. Entre son exil en France et son attachement profond à la russité, Rabine peut représenter la complexité de la création confrontée à la répression. Un parcours qui nous en dit long sur l’état de l’expérimentation artistique libre en Russie, soviétique comme actuelle.


Eva KOLBAS, Teo MANISIER et Loïc RENAVOT

Pour des questions de droits d'auteur, nous avons mis les liens vers les images sous l'enregistrement sonore.

1 & 2 : Photographies de l'exposition (Bulldozer Exhibition), Archives privées de Mikhail Abrosimov publiées dans le magazine Iskusstvo en 2013. ©Mikhail Abrosimov/The Calvert Journal : https://www.theguardian.com/world/2014/sep/17/bulldozer-underground-exhibition-revolutionised-russian-art
3 : Oscar Rabine, Le passeport renversé, Huile sur toile, Collection du Musée national de l’histoire de l’immigration © Oscar Rabine / ADAGP : https://www.histoire-immigration.fr/sites/default/files/musee/photos/rabine.jpg 4 : Oscar Rabine, Nature morte de l’émigrant, Huile sur toile, 1990, Collection particulière, Vente Ader du 8 mars 2013 : https://www.ader-paris.fr/lot/15294/2842237

 
 
 

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