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ART et politique AprÈs 1945 - Les artistes communistes

Dernière mise à jour : 14 mai 2020

Dans le contexte de la Guerre froide, les artistes communistes s'engagent de multiplies façons. Avec le début de la guerre froide, l'affiche communiste est en plein épanouissement (Romain Ducoulombier, Vive les Soviets. Un siècle d'affiches communistes en France, Ed. Les Échappés, 2012). Les affiches communistes (PCF et les organisations qui lui sont liées) se font l'écho de ces "combats" : pour la paix, contre l'Amérique, contre la guerre d'Indochine puis celle du Vietnam ou contre la guerre d'Algérie... pour la mémoire des "75000 fusillés" de la Résistance, pour la classe ouvrière et paysanne... Cette "guerre psychologique" suscite des réponses dans l'autre camp, avec notamment les affiches de l'organisation anticommuniste "Paix et Liberté" (1951-1956) dirigée par Jean-Paul David, qui utilise les thèmes et les images communistes, en les détournant. Les étudiants de l'Atelier Art et politique ont travaillé sur des thématiques qu'ils ont choisies (anticolonialisme, nucléaire, désarmement, anti-américanisme, apartheid) à partir de petits corpus d'affiches communistes (Paul Rivière et Clovis Lereculeur; Eva Lambert; Elise FOUQUIER, Clovis SOLO et Paul MARGUIER; Helysa Crichan, Leo Hervada et Lucie Grandjean; Théo Benegni; Anna Emilie Wehrle; Mouraz Daoudi et Eleuthère Lamare) ou anticommunistes (Paix et Liberté - Gustaw Szelka). Certains ont fait le choix d'analyser des oeuvres de la période communiste du peintre André Claudot (Antoine Asselin; Augustin Leclercq). Du fait du confinement, les vidéos prévues initialement ont été remplacées par des textes et un enregistrement sonore.

Iconographie : Toutes les affiches communistes proviennent du fonds d'archives numérisées du PCF en ligne sur le site des archives départementales de Seine-Saint-Denis (AD 93). Nous remercions Guillaume Roubaud-Quashie pour son autorisation à les publier sur cette page. - André Fougeron, 2 octobre. Journée internationale de lutte pour la paix, Mouvement de la paix, 1949, ©André Fougeron, Collections du PCF, @AD 93, DR. - Pour la paix en Algérie, Auteur anonyme, PCF, 1959, Collections du PCF, ©AD 93, DR. - André Fougeron, La destruction de la France par l'alliance avec l'Allemagne. La guerre contre l'URSS. Voilà ce qu'on nous prépare. Contre ça, union et action. Il faut sauver la paix, PCF, 1948, © André Fougeron, Collections du PCF, ©AD 93, DR. Pour approfondir : Fougeron Lucie, « Propagande et création picturale. L'exemple du PCF dans la guerre froide. », Sociétés & Représentations, 2001/2 (n° 12), p. 269-284. Sociétés et représentations - 2001 DOI : 10.3917/sr.012.0269.


Les affiches anticolonialistes du PCF Paul RIVIERE, Clovis LERECULEUR

Toutes les affiches utilisées dans cette vidéo proviennent des collections du PCF, ©Archives départementales de Seine-Saint-Denis.


Parti Communiste Français et Apartheid (Affiches du PCF)


Lambert Eva


Cet article s’attache à présenter et à analyser quelques affiches conçues par le PCF en soutien aux victimes de l’Apartheid en Afrique du Sud. Le 1er Décembre 2013, le PCF a rendu hommage à Nelson Mandela au siège du parti place du colonel Fabien. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a souhaité saluer un homme qui fut à la fois « un révolutionnaire » et « un réconciliateur ». Il poursuit en disant que Nelson Mandela avait « le visage réconfortant familier de ceux qui n'abdiquent pas face à l'oppression, face à la ségrégation, à la discrimination, à l’exploitation ». Pierre Laurent a également rappelé l’implication du PCF et des jeunes communistes, véritable « fers de lance » en France de « l'immense mouvement de solidarité internationale qui fut nécessaire pour aboutir à sa libération ». Le PCF avait mené plusieurs actions afin de médiatiser le combat de Nelson Mandela. Des concerts et des manifestations devant les ambassades d'Afrique du Sud visaient par exemple à dénoncer l’apartheid. Mandela fut d’ailleurs reçu le 7 juin 1990 au siège du PCF par Georges Marchais, quatre mois après sa libération de prison. Si le PCF s’est impliqué activement dans la lutte contre l’Apartheid (1948-1990), la France ne fut jamais aux avant-postes de celle-ci. Les relations spéciales que le gouvernement a entretenu avec Pretoria de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1985, ainsi que les divisions politiques des forces anti-racistes, expliquent probablement pourquoi les mouvements anti-apartheid en France ont été moins actifs qu’au Royaume uni ou aux Pays Bas. Cependant, cela ne signifie pas que rien ne fut entrepris pour mobiliser les citoyens français contre la ségrégation et les politiques de Pretoria. Ces luttes furent menées par des syndicats, des forces politiques ou encore des associations. Deux courants majeurs ont animé la lutte contre l’apartheid en France. D’une part, le Parti communiste français (PCF) et des associations qui en étaient proches; d’autre part, le Mouvement anti-apartheid (MAA), issu du Collectif d’organisation de campagnes d’information sur l’Afrique australe (CIAA). A cet ensemble se rattachaient la Campagne anti-Outspan (CAO), ayant organisé le boycott des agrumes importés d’Afrique du Sud, le Bureau d’information sur l’Afrique australe (BIAA), publiant le mensuel « Apartheid Non ! », et d’autres associations moins connues. Les organes de presse du PCF ont publié de nombreux articles consacrés à l’Afrique du Sud et à l’apartheid, cependant, aucun livre ou brochure n’y fut consacré. De nombreuses affiches furent imprimées, afin de dénoncer les agissements passifs de la France (affiche 1) ou encore visant à unir les citoyens autour de la cause anti-apartheid (affiche 3 par exemple). C’est aussi aux éditions du PCF que le secrétaire national de l’AFASPA, Maurice Cukierman, publia un ouvrage où il montrait comment l’apartheid servait les intérêts de l’impérialisme et appelait à la solidarité internationale. Dans Afrique du Sud, cap sur la liberté, Maurice Cukierman souligne la passivité des forces de la gauche française face à l’apartheid. Cet ouvrage témoigne des divisions ayant impacté et affaibli la lutte anti-apartheid en France. Ainsi, le PCF, solidaire du Parti communiste sud-africain (SACP), a mené une lutte acharnée, faisant de l’apartheid un enjeu national. Il convient alors de s’intéresser à quelques affiches publiées par le PCF durant la lutte anti-apartheid en France.

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Affiche 1 : Non à l’apartheid Giscardien, 1980, Auteur inconnu, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Cote : 89FI/1699 Cette première affiche, publiée en 1980 par le Parti communiste français (PCF), est tout particulièrement intéressante dans la mesure où elle dénonce deux agissements différents et est indirectement liée à l’Apartheid. D’un côté, le titre choc « Non à l’Apartheid Giscardien » interroge le public sur le traitement des immigrés en France et la politique Giscardienne. En effet, l’affiche propose un rassemblement « de lutte de la jeunesse immigrée ». Une jeunesse immigrée qui est délaissée par le pays, dont les droits et la dignité ne sont que peu respectés selon le PCF. Une forme d’Apartheid en France est donc ici dénoncée. Cette dénonciation est aussi liée à un contexte où émerge l'association SOS racisme en France et où la grande marche pour l’égalité et contre le racisme va se tenir quelques années plus tard, en 1983. Les couleurs de la république française retiennent l’attention du public. Le drapeau français est assimilé à des barreaux de prison, véritable dénonciation des conditions de vie des jeunesses immigrées. Le fond noir accentue la colère et la tristesse liée à de tels agissements.

D’un autre côté, cette affiche dénonce évidemment la ségrégation subit par les communautés africaines. Durant son unique septennat (1974-1981), Valéry Giscard d’Estaing a poursuivi le développement d’une collaboration entre la France et le pays de l’apartheid, symbolisé par la construction, par les entreprises françaises, de la centrale nucléaire de Koeberg, près du Cap notamment. La France de Valéry Giscard d’Estaing fut également une France passive, qui n’a jamais osé s’engager contre elle régime sud-africain. D'ailleurs, Valery Giscard D’Estaing ne sera pas invité aux funérailles de Mandela.

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Affiche 2 - Avec la jeunesse contre l’apartheid, 1986, Auteur inconnu, Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Cote : 89FI/937


Cette affiche fut réalisée en 1986 par le Parti communiste français (PCF) et le Mouvement de la jeunesse communiste (MJC). Elle appelle à manifester à la Bastide, lieu emblématique des manifestations communistes. Le combat est ici bien spécifique à l’Apartheid. Comme nous pouvons à nouveau le constater, la jeunesse est à nouveau sollicitée dans cette affiche. En effet, la jeunesse a joué un rôle significatif dans la lutte anti-apartheid.

Un noeud aux couleurs anti-apartheid est placé au centre de l’affiche. Il symbolise l’union puissante qui unie la jeunesse aux victimes de la ségrégation.

La figure de Mandela, qui incarne le combat acharné contre la ségrégation, rappelle le soutien apporté par les mouvements français (PCF et MJC) à cet emblème de la lutte. Il s’agit du « Mandela » d’avant son emprisonnement, la figure du Mandela actif, à qui l’Afrique du Sud a enlevé ce pouvoir en le mettant derrière les barreaux et en lui volant 27 ans de sa vie.

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Affiche 3 - Mandela, Liberté, 1988, Auteur inconnu, Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Cote : 89FI/2731

Cette seconde affiche, publiée en novembre 1988 par le Parti communiste français (PCF) et le Comité de défense des libertés et des droits de l’homme, dénonce l’emprisonnement de Nelson Mandela. Le Comité de défense des libertés et des droits de l’homme est notamment chargé d’informer la société sur les possibles atteintes aux droits de l’Homme perpétrées dans la monde.

La couleur noire évoque l’emprisonnement de Nelson Mandela, la violence de l’apartheid et le cauchemar des victimes de la ségrégation. La couleur verte, porteuse de chance et d’espérance, entoure le visage de Nelson Mandela, comme une auréole. Il est quasiment sanctifié. Son nom porte la même teinte verte. De plus, le visage de Nelson Mandela semble tourné vers l’avenir, son regard porte loin. Il s’agit ici d’un « Mandela » qui semble moins militant, mais plus formel, politicien. Cette affiche appelle donc à la liberté de « Madiba ».


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Affiche 4 - Mandela enfin libre, 1990, Auteur inconnu, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Cote : 89FI/732

11 février 1990, ce jour a marqué les esprit par la force symbolique de la libération du leader anti-apartheid, Nelson Mandela. Le 9 mai 1994, il sera élu président de la République d’Afrique du Sud.

Cette affiche fut réalisée par le Parti communiste français (PCF) en 1990, en plein gouvernement Mitterand qui soutenait la lutte anti-apartheid. L’affiche évoque l’ANC, le Congrès national africain. Ce parti politique d’Afrique du Sud fut membre de l’Internationaliste socialiste. Fondé en 1912, pour défendre les intérêts de la communauté noire contre la minorité blanche, il fut déclaré hors-la-loi par le Parti national durant l’apartheid en 1960. Le 2 février 1990, quelques jours avant la libération de Nelson Mandela, il est à nouveau légalisé, alors même que l’apartheid n’est aboli qu’en juin 1991.

Les couleurs de l’affiche renvoient là encore aux couleurs de la lutte anti-apartheid. Le terme « enfin » est plus discret laissant place à la phrase « Mandela libre ». Cette photo de Mandela fut prise en 1961, avant son emprisonnement. Il est ici héroïsé. Enfin, sur l’affiche est inscrit « Et maintenant des élections libres en Afrique du Sud ! » laissant place à un avenir meilleur et plus démocratique. L’Union européenne enverra même des diplomates surveiller les élections et leur déroulement.

L'Amérique vue par le PCF, une histoire d'affiches Elise FOUQUIER, Clovis SOLO, Paul MARGUIER


Le Parti Communiste Français (PCF) post-Seconde Guerre mondiale s’auto-proclame « parti des 75000 fusillés », cherchant alors à se légitimer dans le nouvel ordre national, européen et international. En effet, le Parti se trouve au croisement d’influences politiques diverses. Les années 1930 ont marqué « l’invention » de sa culture politique et son ancrage tout autant que les années 1940 y ont adjointe une dimension nationale forte et que les années 1950 verront l’aboutissement de cette construction culturelle. En 1941, en parallèle au lancement de l’opération Barbarossa, le Parti entre officiellement dans la résistance. Les discours post-Libération témoignent de la récupération de l’idée d’un engagement fort de l’appareil et de ses membres pour la défense de la Nation dans le discours politique des leaders communistes. Alors, les dynamiques caractéristiques de la sortie de guerre imprègnent le Parti dont la place sur la scène politique française reste fluctuante. S’il est le premier parti de France en 1946, l’arrivée de la Guerre Froide marque son éloignement du gouvernement et sa relégation au rang de parti influent mais mis à l’écart de la direction du pays. S’ensuivent des évolutions dans sa place politique, tout comme dans son rapport à l’URSS. L’après-guerre est d’abord marqué par un lien fort avec l’Union Soviétique, désignée comme vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, et l’influence du Kominforn sur la situation matérielle du Parti joue tout au long de la période. Mais des tensions politiques fortes poussent le Parti à questionner ce lien, dans le contexte du programme commun et des tentations euro communistes par exemple, si bien que son approbation de l’Union Soviétique se fait un peu plus fluctuante. Ces deux dynamiques fortes du Parti post-Seconde Guerre mondiale, la place de la Nation et celle de l’URSS, interrogent alors le rapport du Parti à une autre puissance, sortie particulièrement renforcée du deuxième conflit mondial : les Etats-Unis. Comment l’idée nationale et l’appartenance communiste influencent-elles la position du Parti vis-à-vis de l’Amérique ? Dans le contexte de la reconstruction et de sa précoce unité nationale, comme dans celui des débuts de la Guerre Froide, il est nécessaire d’étudier dans quelle mesure le Parti Communiste Français a fait part d’un antiaméricanisme à travers ses outils de propagande, comment il a cherché à le diffuser dans la société et quels sont les facteurs qui l’ont influencé. Au regard du contexte évoqué, plusieurs pistes se dessinent : cet antiaméricanisme peut exprimer une lutte contre l’ingérence des Etats Unis en France, idée assez répandue parmi certaines forces politiques françaises, chez les gaullistes par exemple. Celle-ci peut être utilisée dans le contexte national pour dénoncer les actions gouvernementales qui tendraient à lier la France au bloc de l’Ouest et aux Etats-Unis. Mais on peut y lire aussi une volonté de promouvoir l’idéologie communiste en défendant sa patrie, l’URSS assiégée par l’impérialisme et le capitalisme. Par ailleurs, il peut montrer la continuité d’un internationalisme léniniste axé autour de l’autodétermination des peuples dans le contexte de Guerre Froide. Par conséquent, nous allons étudier comment les affiches de propagande du Parti témoignent de cet antiaméricanisme aux facettes multiples et de l’évolution de ses facteurs constitutifs au cours de la deuxième moitié du XXe siècle.

L’antiaméricanisme du PCF d’après la Seconde Guerre Mondiale, particulièrement exacerbé pendant les conflits de la guerre froide (au profit naturellement d’un soutien au bloc de l’Est), se retranscrit dans les affiches et tracts de l’époque. Un des grands axes de l’antiaméricanisme du Parti Communiste Français a été la dénonciation de l’impérialisme États-Unien.

Une première affiche, datant de 1951, accuse très explicitement les Etats-Unis d’être les instigateurs de nouvelles potentielles agressions qui peuvent provoquer une guerre contre l’URSS :

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Figure 1  « Voici les bases américaines dans le monde. […] Qui est l'agresseur ? Qui menace ? » (1951), Imprimerie spéciale du PCF / Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis


L’affiche entend montrer les « bases américaines dans le monde », dont les flèches se dirigent toutes vers le leader du bloc de l’est : l’URSS. Les flèches sont également portées vers la Chine, le pays étant alors encore ami de l’URSS (la rupture sino-soviétique n’aura lieu que plus tard, après 1960). L’URSS, au centre, est placée comme victime des agressions et des menaces des Etats-Unis. Le dispositif militaire soviétique est décrit comme « essentiellement défensif » tandis qu’est inscrit sur l’affiche une déclaration de Truman de 1950, disant que « Les Etats-Unis doivent faire la politique du coup de poing». Il est écrit que deux millions de soldats américains « font la guerre ou la prépare», et les bases américaines sont mises en avant, tandis qu’il est souligné que depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, « pas un soldat de l’URSS ou des démocraties populaires n’a tiré un seul coup de fusil en dehors des frontières de son pays ». Le militarisme impérial des Etats-Unis est très clairement et explicitement dénoncé dans cette affiche.


Cette critique de l’impérialisme américain est également forte dans une autre affiche de la même année du PCF, dont l’auteur est pour celle-ci connu (il s’agit de Georges Rival) :

Figure 2 : "Non ! La France ne sera pas un pays colonisé ! Les Américains en Amérique !" (1951) - Georges Rival - Imprimerie spéciale du PCF, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Cliquez sur le titre pour voir l'affiche.

Cette fois-ci, la lutte contre l’impérialisme met en exergue la défense de l’indépendance nationale face à la menace américaine. L’antiaméricanisme ici peut être associé aux effets du Plan Marshall. Le plan Marshall, sous la présidence Truman, était un programme de prêts américains à différents Etats de l’Europe soumis aux difficultés de la reconstruction d’après-guerre. Ce plan d’aide financière était dirigé envers des Etats alors amis des Etats-Unis et donc de l’Ouest. Or, pour les partisans du bloc de l’Est et du PCF, ce plan « d’aide » était certainement perçu comme une illustration de l’impérialisme américain. Sur l’affiche, les yeux de la pieuvre, représentant les Etats-Unis (sa tête étant aux couleurs du drapeau), sont en effet marqués du signe du dollar. On peut lire sur la représentation du territoire français « Non ! La France ne sera pas un pays colonisé ! ». face à l’influence grandissante des Etats-Unis et le développement des relations atlantiques, le PCF crie à l’impérialisme américain et au rejet de ce qu’il considère comme une forme de « colonialisme », d’atteinte à l’intégrité de l’indépendance nationale. Cela est particulièrement souligné par le titre de l’affiche, en gros caractères en bas de l’affiche : « Les Américains en Amérique ! ». Il y a là un rejet de l’impérialisme et des velléités d’influence de l’Amérique. Cette affiche se situe par ailleurs dans un mouvement plus général de rejet de l’américanisme par les "partisans de l’Est" en France. Il y avait en effet aussi eu dans ces années de sorties de guerre un quota sur les films américains (accords Blum-Byrnes), qui avaient engendré de fortes protestations. La lutte très symbolique contre le coca-cola, représentant de l’American way of life, dans les mêmes années est à noter. Un film du PCF, « Les américains en Amérique » a d’ailleurs été produit dans les années 50, et on y retrouve cette lutte contre l’impérialisme américain, notamment à l’encontre du coca-cola (Le film est visible sur le site de Ciné Archives : Les Américains en Amérique !. ). Le PCF y souligne l’amour du vin français, contre le coca-cola d’Amérique, montrant ainsi son ancrage patriotique.

La lutte contre l’influence américaine est très forte dans ces années, mais elle ne s’y limite pas et sera poursuivie dans les décennies suivantes.

Le combat idéologique porté par le PCF contre les Etats-Unis et leur impérialisme, particulièrement contre leur assouvissement de domination sur le monde, se voit au travers d’une autre affiche :

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Figure 3 : L'épouvantail ou les fourberies de l'oncle Sam, (date inconnue), Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis


Cette affiche dénonce l’impérialisme américain comme mettant de nouveau en danger l’indépendance nationale, en dénonçant la guerre, et « les fourberies de l’oncle Sam » de manière plus globale. La date de cette affiche est inconnue, mais la pagode visible au fond laisse penser qu’il s’agit d’un dessin publié soit lors de la guerre de Corée, soit lors de celle du Vietnam. Une des mains de l’oncle Sam déverse la guerre et le chaos sur le pays concerné, et par cette représentation, le PCF dénonce les guerres impérialistes menées par les Etats-Unis. L’oncle Sam est l’allégorie des Etats-Unis, de l’impérialisme américain. Il est représenté comme traître et vicieux, d’une main il divertit la femme au premier plan, qui, coiffée de son bonnet phrygien à cocarde, rappelle la France par l'imagerie de Marianne. L'oncle Sam lui montre un objet de divertissement, et semble ainsi la détourner par cette supercherie, par ce stratagème, de l’atroce guerre qu’il provoque derrière de son autre main. Cela vise certainement à dénoncer la promulgation des Etats-Unis de la american way of life, de produits de divertissement variés, et de valeurs de façade, pendant qu’en réalité il ne s’agirait que d’un impérialisme meurtrier, mais dont la stratégie d’influence culturelle des Etats-Unis détourne le regard. L’enfant pointe du doigt le chaos qui règne derrière, mais la femme a le visage concentré par ce que lui montre l’oncle Sam, qui lui arbore un sourire machiavélique.

Les symboles et les représentations utilisées par le PCF dans ce dessin visent à dénoncer l’impérialisme américain, et ce qui serait ses stratégies, cachant une horrible facette de l’oncle Sam et donc de l’Amérique, responsable de guerre et massacres.

Ces trois affiches du PCF dénoncent donc l’impérialisme américain, son atteinte à l’indépendance nationale, et l’envie de domination sur le monde des Etats-Unis. Le PCF entend lui rejeter l’envahisseur et dénoncer les tromperies de l’Amérique menaçante.

Cette dénonciation se poursuit et sera particulièrement forte pendant le conflit opposant les Etats-Unis au Vietnam. 

Dans les années 1950, les États-Unis restent dans l’imaginaire collectif comme étant la puissance victorieuse de la Seconde Guerre Mondiale. Sa suprématie économique et militaire lui confère un pouvoir politique et diplomatique très fort en Occident. Dans une logique anti-américaniste, le PCF tente de détourner cette perception, en édifiant une image menaçante de la puissance américaine. A cette époque, le parti communiste français est très populaire sur la scène politique nationale, et affiche encore ouvertement ses liens avec l’Union Soviétique. Pour construire cet « Oncle Sam » monstrueux, le PCF utilise notamment le levier de la guerre, très présent dans la politique étrangère américaine sur la période 1950-1970. En effet, les États-Unis sont présents militairement en Corée dès 1950 pour aider le sud attaqué par le Nord communiste. En 1952, les États-Unis sont accusés par la Chine et la Corée du Nord d’avoir fait usage de bombes bactériologiques, propageant des maladies infectieuses comme la peste et le choléra. Les Américains répondent en  soumettant au Conseil de Sécurité des Nations Unies une résolution devant permettre au Comité International de la Croix Rouge (CICR) de mener une investigation sur le terrain pour prouver la fausseté de cette annonce. En raison du veto émis par l’URSS (en soutien à ses alliés communistes), la résolution n’est pas adoptée, laissant planer le doute. Malgré l’absence de certitude, cette rumeur est reprise par le PCF dans une de ses affiches, datant aussi de 1952, dans laquelle le parti reprend les affirmations chinoises et nord-coréennes, montrant l'État américain comme un pays sans pitié, détruisant tout sur son passage (image de la bactérie américaine qui envahit le territoire et diffuse la mort). Cela n’est pas sans rappeler les événements tragiques de Nagasaki et Hiroshima d’août 1945, lorsque deux bombes atomiques américaines provoquent instantanément plusieurs centaines de milliers de victimes civiles japonaises. Il se développe alors une sorte de fantasme de peur de la bombe chez les détracteurs américains, alimentant ainsi l’angoisse d’être éradiqué par la puissance de feu des États-Unis qui viserait directement les populations civiles.

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Figure 4 : "Halte aux criminels de guerre! Les Américains sèment la peste et le choléra en Corée, en Chine, le monde entier est menacé!", 1952, auteur non identifié, Imprimerie spéciale du PCF, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine Saint-Denis


Les choix en termes de politique étrangère américaine sont massivement réinterprétés par le PCF, en particulier au moment de la guerre du Vietnam. Considérée comme une « page noire » de l’histoire américaine, elle se solde en 1975 par un échec de la grande puissance occidentale, tant d’un point de vue militaire que moral. En effet, avec le développement des reporters de guerre, le monde découvre au travers de photos mortifères les massacres occasionnés par la guerre, notamment par l’usage de l’agent orange et du napalm sur les campagne vietnamiennes. Cette vision d’horreur perpétrée par la puissance américaine est grandement utilisée au sein du bloc communiste, et se répand en France avec les nombreux tracts et affiches du PCF. Celui-ci utilise plusieurs rhétoriques pour dénoncer l’action militaire américaine au Vietnam. Tout d’abord, dans une affiche réalisée en 1965, le PCF apporte son soutien au peuple vietnamien et demande le retrait des forces américaines qui, selon lui, ne respecte pas les accords de Genève qui avaient mis fin à la guerre d'Indochine (1954).

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Figure 5 : "PAIX AU VIET-NAM. Exigeons l'arrêt des bombardements américains en République Démocratique du Vietnam, le retrait des troupes américaines du Sud Vietnam, l'application des Accords de Genèse de 1954", 1965, auteur non identifié, Paris - Province Impression (PPI), Collections du PCF, ©Archives Départementales de la Seine Saint-Denis.

Ici, il est donc question d’un non-respect du droit international par les États-Unis. Cette même année, la plus puissante armée du monde intensifie ses bombardements en République Démocratique du Vietnam. Les photos ramenées de la guerre montrent l’horreur des combats et leurs impacts sur les populations. Les images de cadavres vietnamiens marquent profondément l’opinion publique mondiale, et surtout la société civile américaine qui, dans les années 1960, est traversée par le mouvement hippie profondément pacifique. Les critiques du PCF à l’égard de cette guerre qu’il juge impérialiste s’inscrit dans cette dynamique contestataire de la population mondiale (principalement en Occident). D’autre part, le PCF n’hésite pas à utiliser le registre de l’émotion pour dénoncer l’attitude américaine au Vietnam, et revendiquer l’indépendance du pays. Ainsi, dans une affiche datant de 1967, le titre « PAIX AU VIETNAM » surplombe la photographie d’une femme vietnamienne semblant désespérée, portant à bout de bras deux enfants.

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Figure 6: "PAIX AU VIETNAM. Halte à l'agression américaine. Droit pour le peuple vietnamien à fixer son propre destin", 1967, auteur non identifié - Paris Province Impression (PPI)/ Collections du PCF, ©Archives Départementales de la Seine Saint-Denis


Cette image est suivie de deux revendications, à savoir l’arrêt des violences américaines et le droit du peuple vietnamien à se gouverner seul. Cet exemple est très intéressant dans la mesure où il montre comment les registres de la compassion et de la pitié sont utilisés dans une logique anti-américaniste et anti-impérialiste. D’autre part, il illustre l’implantation progressive de la photographie qui, peu à peu, remplace les dessins sur les affiches et permet de véhiculer des émotions qui correspondent désormais davantage aux représentations communes.


En effet, le PCF (entre autre) comprend rapidement la portée de telles images, qui peuvent directement impacter un large public. La multiplication des reporters de guerre permet de rapporter des clichés parfois très durs, qui sont régulièrement utilisés pour justifier des propos engagés. C’est dans cette logique que le PCF réalise en 1979 une affiche dénonçant le traité de non prolifération des armes nucléaires SALT II. Signé par les États-Unis et l’URSS dans une logique d’équilibre global des puissance, il autorise notamment l’installation de plusieurs batteries de missiles américaines en Europe.

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Figure 7: "JAMAIS ÇA!", 1979, auteur non identifié, - Paris Province - Impression (PPI)/ Collections du PCF, ©Archives Départementales de la Seine Saint-Denis


Dans cette affiche appelant à une manifestation à Paris ( le 20 décembre 1979), le PCF argue la peur de la puissance de feu des États-Unis, et utilise pour ce fait une photographie du cadavre d’un enfant japonais brûlé par l’explosion de la bombe atomique de Hiroshima. Elle rappelle ainsi les horreurs commises par les Américains au Japon et laisse planer le doute de cette menace sur l’Europe avec l’installation de ces missiles. Dans cette affiche, l’objectif est de mobiliser le plus de monde possible pour manifester contre la politique de Washington, et c’est par l’émoi ou l’horreur que peut susciter cette photographie que l’opinion publique est touchée.

Ainsi, nous pouvons voir que le PCF s’appuie sur différents leviers pour exprimer un antiaméricanisme fort dans les années 1950/60. A cette période, si les États-Unis restent en Occident la puissance victorieuse de 1945, c’est aussi la seule qui ait fait usage de l’arme atomique. D’autre part, que ce soit en Corée ou au Vietnam, elle est de nouveau confrontée à la guerre. Le PCF utilise donc ces évènements pour réactiver l’image d’une Amérique hostile, dangereuse et meurtrière. Ses affiches sont aussi le témoin d’une évolution dans l’utilisation des documents iconographiques, avec l’arrivée massive de la photographie dans les années 1960 qui permet de recentrer davantage le discours sur les émotions qu’il peut susciter.

Par ailleurs, il faut s’attarder un moment sur le versant économique de l’antiaméricanisme du Parti Communiste Français. Comme vu précédemment, si le programme du Parti s’oppose frontalement à tout capitalisme ou libéralisme qualifiés d’« américains », la dénonciation des Etats-Unis ne se fait pas de façon primaire sur la base de l’économie. Bien sûr, on peut malgré tout déceler les marques d’un refus du modèle dès les accusations d’ingérence liées au plan Marshall et l’utilisation de l’imagerie du refus du dollar qui l’accompagne. Mais les affiches du Parti montrent bien que le premier ressort de contestation reste l’anti-impérialisme dans la politique étrangère. Cela étant, les affiches des années 1980 marquent une irruption plus importante de l’économie dans l’antiaméricanisme de la propagande du PCF. Le parti est alors en proie à des tensions internes fortes, entre déclin politique et électoral et affrontement d’orientations contraires, les uns soutenant toujours le régime soviétique, embourbé dans le conflit en Afghanistan, les autres souhaitant rompre avec lui. La France est par ailleurs dans une période de crise économique et sociale, marquée par l'augmentation du chômage. Ainsi, on observe globalement une disparition de toute référence à l’Union Soviétique quand on les compare à des affiches des années 1950, 1960 et du début 1970. Ces documents propulsent un discours invoquant seulement deux pôles : la France et son économie d’un côté, l’emprise financière et économique américaine de l’autre. Le Parti souhaite lutter contre l’importance du dollar dans l’économie française, position témoignant d’un antiaméricanisme doublé d’un appel à l’indépendance nationale, dimensions déjà fortes dans le contexte d’après-guerre. Mais ce qui a changé, c’est la place de la finance comme celle de l’économie américaine dans le monde, qui sont allées grandissantes. Les politiques économiques néo-libérales mises en place par le gouvernement Reagan sont évidemment fermement condamnées par le PCF. L’impérialisme américain devient donc moins militaire et politique dans un discours qui ne sait pas encore qu’il se situe à la fin de la Guerre Froide mais qui perdurera après celle-ci. Il se dote plutôt d’une teneur économique et financière plus prononcée. Une autre affiche de cette période a attiré notre attention. Elle représente deux aigles en smoking, se gargarisant de leurs bénéfices boursiers en les comparant à plus de 10 000 SMICs. Datée de 1989, dans la situation décrite plus tôt, elle ne semble pas viser particulièrement les Etats-Unis, ancrée dans le contexte français avec la référence au salaire minimum.

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Figure 8: "Une bonne "affaire", 1983, auteur non identifié - Dabermill/ Collections du PCF, © Archives Départementales de la Seine Saint-Denis


Cependant, on peut se demander si l’imagerie du rapace en tuxedo échangeant sur les résultats de la bourse ne fait pas appel aux représentations de l’Amérique d’Hollywood et de Wall-Street, véhiculée dans la culture populaire. Ici, c’est bien-sûr le capitalisme financier qui est visé, mais celui-ci porte le visage de l’Aigle Royal Américain qui rappelle au citoyen que les Etats-Unis en sont la source. Ainsi, nous pourrions voir dans cette affiche une manière avec laquelle le Parti cherche à utiliser les représentations anti-américaines de la société française dans ses outils de propagande. Nous voyons donc que les années 1980 apportent un renouvellement dans un contexte de tensions au sein du parti comme de l’ordre international. Il est graphique d’abord, par la modernisation du logo, l’utilisation plus prononcée du montage des images et une présence de la faucille et du marteau plus fluctuante (si l’affiche de 1989 les porte encore, ceux-ci tendent à disparaître avec la chute de l’URSS, sûrement pour se défaire de symboles trop fortement connotés). Mais il tient aussi au fondement de la rhétorique anti-américaine : plus opposée à un impérialisme économique et financier que militaire et politique. Ces affiches des années 1980 témoignent donc d’une réorientation de l’antiaméricanisme du Parti dans un contexte national et international où l’influence communiste a fortement diminué.


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Figure 9: "Non à la dictature du dollar!", 1983, auteur non identifié - Paris Province Impression (PPI)/ Collections du PCF, © Archives Départementales de la Seine Saint-Denis


Pour terminer, il est intéressant de remarquer que la dynamique qui reste peut-être la plus importante si l’on souhaite prolonger cette étude sur le XXIe siècle concerne la place des Etats-Unis dans la propagande communiste. La disparition de l’URSS met fin au dualisme qui avait alimenté l’opposition frontale entre des blocs antagonistes. Le Parti qui nourrissait sa propagande d’anti-américanisme aussi pour dénoncer les tendances des gouvernements français à s’aligner sur les positions des Etats-Unis malgré leurs discours d’indépendance nationale, perd alors une anti-référence idéologique majeure qui a construit sa propagande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale comme nous l’avons montré. Alors, l’antiaméricanisme se fait plus diffus, plus secondaire. Il n’apparaît plus comme la position idéologique principale à défendre pour s’en servir comme outil de politique nationale, mais comme un argument secondaire, souvent relié à la dénonciation du capitalisme. Le voyage réalisé au travers des archives de la propagande communiste nous montre bien que l’antiaméricanisme du Parti Communiste Français est façonné par des influences multiples. Il témoigne aussi de l’évolution de son utilisation au fil des conjonctures nationales et internationales. Et si la fin de la Guerre Froide ne marque pas une disparition de cette rhétorique, les affiches de cette époque traduisent plutôt sa réappropriation au service d’autres discours.

Sélection d'affiches anti-nucléaires du PCF


Par Théo BENEGNI Retour sur quelques affiches du Parti Communiste Français, au sujet de la lutte contre le nucléaire. Sujet parfois controversé pour le PCF.

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Rampes de lancement américaines... Sans consulter le parlement, le gouvernement a dit : oui... Les Français répondent : non ! Parti communiste français (PCF), Auteur non-identifié, 1958, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Bagnolet, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis Le contexte de cette affiche est celui du projet d'installation des rampes de lancement de missiles nucléaires américains sur le territoire français, dans le cadre du rapprochement avec l’OTAN à la fin des années 1950. Selon le PCF, c'est une décision qui a été acceptée par le gouvernement de la IVe République mais sans consulter le Parlement comme le sous-entend l’affiche. La tête de mort vert-bleu sous la rampe de lancement représente le danger que présentent ces rampes de lancements. Elles peuvent rater et faire exploser leur propre missile en France, ou aussi faire de la France une menace pour l'URSS et une complice des américains. Cette affiche est aussi à placer dans une époque d'anti-américanisme exacerbé du PCF, ainsi qu’une référence au pacifisme et à un sentiment d’une occupation militaire (bases militaires françaises de l'OTAN), doublé d’une propagande pour le PCF comme vrai seul parti démocratique. Comme l'avance l'affiche l'opinion française est à l'époque sensible aux arguments anti-américains portés non seulement par les communistes, mais aussi par les gaullistes. En effet, cette affiche de janvier 1958, évoque un projet qui ne verra pas le jour.

"En 1958, la France traverse une crise de confiance dans l’Alliance atlantique, résultant pour beaucoup des pressions américaines lors de l’affaire de la Communauté européenne de défense (CED), de la crise de Suez et, plus largement, du soutien des États-Unis au mouvement de décolonisation. Charles de Gaulle revient donc au pouvoir plutôt porté par une opinion anti-américaine, sensible à la propagande du Parti communiste français (PCF) pour lequel l’OTAN est une machine de guerre des banquiers américains contre l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Le nouveau président est particulièrement chatouilleux au sujet de la présence des forces américaines sur le sol national dans le cadre de l’OTAN. Il considère que la France, tout en ne remettant pas en cause son appartenance à l’Alliance atlantique, doit se libérer d’un état de dépendance à l’égard des États-Unis, et que l’OTAN doit être réformée. En particulier, il désapprouve le système militaire intégré, estimant nécessaire que la France garde le contrôle entier de sa défense." (VaïsseMaurice, « La France et l'OTAN : une histoire »,Politique étrangère, 2009/4 (Hiver), p. 861-872. DOI : 10.3917/pe.094.0861.). (...) Aussi, après l'arrivée au pouvoir de de Gaulle, "la France refuse l’installation sur son sol de rampes de lancement pour des missiles américains et de stocks d’armes nucléaires pour les escadrilles américaines (...)" (Ibid).

  1. FLORES G., Force de frappe. Union pour le désarmement et la paix, Parti communiste français (PCF), Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI)/ Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis Cliquez sur le lien : Force de frappe. Union pour le désarmement et la paix. Il s'agit d’une affiche du PCF, qui soutient le Mouvement de la paix communiste. Il s'agit d’un mouvement pacifiste, antimilitariste, et surtout anti-nucléaire militaire. Elle s'inscrit dans une opposition des communistes à la stratégie de dissuasion nucléaire gaulliste (force de frappe), qui s'est traduit par un premier essai nucléaire en 1960 (Bombe A). La représentation est claire : De Gaulle dans une bombe estampillée “Force de frappe”, l’écriture empreinte de sang, s'abat sur deux personnages en rouges : une femme et un enfant. La bombe est arrêtée par la phrase et le nom de “Union pour le désarmement et la paix” signifiant qu’une union des mouvements et groupes politiques anti-militaristes empêchera l’État français de faire d’autres victimes de par son armée.

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Jamais ça ! Non aux bombes à neutrons, Parti communiste français (PCF), Auteur non-identifié, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI)/ Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, 1980. Cette affiche fait référence aux tests français de bombes à neutrons de 1980. La bombe à neutron est un type d’arme nucléaire expérimentale dont la France effectue des tests. Elle est réputée comme étant une bombe qui n’inflige que très peu de dégâts matériels mais dont les rayonnements radioactifs sont bien supérieurs aux autres types d’armes atomiques. Ainsi il s'agit avant tout d’une arme visant les cibles humaines, potentiellement civile. La représentation graphique est simple : un fond noir (référence au vide ou à la mort) sur lequel on retrouve une photo de l’explosion de Nagasaki et les mots “Jamais ça !”. Le message est clair, la France ne doit pas s’engager dans une course à la recherche d’armement nucléaire, ces recherches n’auront pour effet que les morts d’innocents. Le bandeau “non aux bombes à neutrons” suivi du logo du PCF suggère que le parti lutte contre l’armement atomique et s’oppose aux armes nucléaires en général.

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La France doit dire vraiment non à la guerre des étoiles, Parti communiste français (PCF), Auteur non-identifié, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, 1985 Cette affiche se place dans le cadre du projet IDS (Initiative de défense stratégique) américain, de bouclier anti-nucléaire de Reagan dévoilé en 1983. Son développement posent de nombreuses question et la France rejette la proposition américaine de participer au projet, ce pour quoi elle forme le projet EUREKA, similaire mais européen. Elle témoigne de la peur d’un développement d’un bouclier anti-nucléaire américain, puis soviétique est que l’Europe soit sanctuarisée comme champ de bataille des deux grands. Le PCF ici, en déclarant qu’il faut “dire vraiment non à la guerre des étoiles”, rejette autant les projets américains et européens, en disant que cette course à l’armement risque d'amener une désolation nucléaire sur la France. Comme le suggère les missiles qui se dirigent sur le territoire européen. Le “non” en gras peut aussi potentiellement signifier une revendication de fin d’existence d’arsenaux nucléaires. Pour conclure, toutes ces affiches sont représentatives de différentes façon de représenter une opinion anti-nucléaire du PCF. D’abord en 1958 par le prisme de l’anti-américanisme, en 1963 par une représentation ouvertement anti-gaulliste d’un État assassin puis dans les années 1980 en critiquant le développement et les tests d’armes encore plus nocive ou bien en remettant à l’esprit les dangers que pourraient causer une guerre entre les deux blocs où l’Europe serait un champ de bataille. Ainsi, il est récurrent au travers de ces affiches d’observer des représentations d’armes nucléaires ou d’armes tout court en action, si ce n’est pour l’affiche de 1958, où ne l’on voit que l’arme non en action bien que ces effets soient graphiquement sous entendus. Ces affiches donnent donc une image d'un parti pacifiste et antinucléaire, qui n'aurait pas changé de position. En fait, celle-ci a évolué. Le PCF s'est converti à la dissuasion nucléaire en 1977, et les députés communistes ont voté la loi de programmation militaire pour 1984-1988. On peut ainsi dire qu'à partir de la fin des années 1970, "le parti sépare toutes ses offensives en faveur de la paix de toute considération relative à la défense nationale." (Nicole Gnesotto, Le PCF et les euromissiles , Politique étrangère Année 1983 48-3 pp. 701-711)

Representation of the post-war world on the posters of "Paix et Liberte"


Gustaw Szelka

Cliquez sur les liens (en bleu) pour voir les affiches. It is a well-known fact that the modern day world has been based on the agreements made by the triumphant powers in the last days of the Second World War. Nations once unified against the common threat posed by Nazi Germany, had quickly forgot about their short-lived unity and started competing with one another just months after the final defeat of the fascist regime, in what history would know as the Cold War. The clash between two camps – western and soviet one, while never escalating into an open military conflict, did take place on several different levels, ranging from diplomacy and economy to sports, culture and propaganda. As to the latter, in this article we are going to take a closer look at some poster published by the “Paix et Liberté”, an anticommunist movement that operated in France at the beginning of the 1950s, describing their message and clarifying their historical and political context.



Jo-Jo le Colombe

The symbolics of the that first poster are quite visible. Joseph Stalin, wearing his typical soviet uniform, with a hammer and sickle tattoo on his arm, is holding in his right hand a sign which says “Peace” and has a white dove on a leash, while in the other hand he hold a grim morning star. The description, “Jo-Jo the Dove”, tries to mock the apparent image that Stalin wanted to build around himself, that of a peacemaker. It was a narrative that was quite popular throughout the war, especially during the peace conferences, as Stalin seemed like someone who was reaching out towards the Western nations, nothing like the criminal regime that he was known for during the 1930s. That image however, got shattered during the immediate years after the downfall of the Nazis.

The Soviet Union was of course still presenting itself as a Nation that longed for world peace, unlike its' imperialist counterparts, but the propaganda message tended to vary from the actions undertaken. Many in the West felt threatened by the presence of the Red Army in parts of Europe, as well as the creation of a soviet nuclear arsenal. The soviet diplomacy was becoming more and more confrontational, abandoning dialog on the United Nations forum, and supporting different rebel groups around the world in their struggle for the communist ideology. One of such examples was the Korean War where, though limited only to material help, the USSR fully embraced the efforts made by North Korean communists in conquering their southern Neighbors. Such actions only worsened Stalins’ and his regimes’ reputation on the global stage, mischievousness of which was well decoded by posters such as this one.

Où sont les impérialistes?

The next poster hits on similar tunes. Entitled: “Where are the imperialists?”, it outlines the hypocrisy of the Soviet policy and its’ aforementioned message of peace and anti-imperialism. While Moscow strongly condemned the colonial empires of countries like the United Kingdom or France, it did its’ own fair share of subjugating after the war. The area on which this particular poster is focusing on is Central and Eastern Europe. It gives the statistics: 483 thousand square kilometers annexed and 22 million people enslaved. What is the context of these numbers?


All of the countries we can see on the map, ranging from Estonia and Latvia in the north, all the way to Bulgaria and Albania down south, had different political systems, democratic or authoritarian, but all were masters of their own destiny in 1938. Just 14 years later, the political landscape in them changed completely. The old elites were gone, emigrated or killed during the war or shortly after (with the Soviet help for Poland between 1940 and 1941), their economies were practically non-existent due to the catastrophic effects of the fights. Into those ruins, the Red Army marched in bringing with them new political ideas and leaders, in reality all puppets of the Kremlin. While Stalin promised his western counterparts that he will only help the countries rebuild, the brutality of the changes was striking. The remaining democratic forces were easily squashed by gangster-like methods of the communists, something we could have seen in Czechoslovakia and the treatment of Jan Masaryk, the son of the legendary founding father of that state.


Furthermore, the newly established regimes, though having some legitimate support among the masses initially, were getting their “legitimacy” from the strong presence of Russian garrisons on their lands. Such enforcement of the new order does surely remind of colonial efforts made by European powers in the past. Pointing that out was very observant of “Paix et Liberté”, a well-landed counter argument to the USSRs’ line of propaganda calling the West “imperialist”.


Europe unie gage de paix

This poster instead of focusing on the Soviet ambitions, does take the European nations on the first plan. Its’ message is that of peace and prosperity. The depiction of the European community in the form of a child does give it some purity, some innocence, in comparison with soviet influences that are represented with a dark and violent storm that is about to hit the rest of the continent, coming from the east. European countries are brought in together shaped into a protective umbrella that is going to shield the child-Europe from the malign communist influences. It is an interesting detail, that the only countries whose flags are represented on the umbrella are those of western and northern european states (with the exception of Greece, which at the time had close ties with Great Britain). Even the flag of the Spain is present, a country which after all was a violent fascist dictatorship led by General Franco at the time. Seems like the priority in European unity wasn’t democracy, but rather the sole fact of being anti-communist.


However, one might see some ouvertures made towards the states newly put under the soviet yoke. While the umbrella the child is holding involves only the countries on the western side of the Iron Curtain, the central and eastern parts of Europe are not yet covered in darkness, leaving some hope for that part of the continent, hope that would materialize in the 21st century with well over 10 of these by that time formely communist states joining the European Union.


Interestingly enough, the poster is also held in the stylistics associated with works made by the Americans in the promotion of their Marshall Plan. Being the blueprint for democracy in the post-war era, we can see that Europeans had taken inspiration from the USA not only with their political and economic models, but also with some trends in art.



Boycott! – Jeux Olympiques, 1980

Last but not least, the final poster goes well beyond the post-war era of the previous 3, this time criticizing the Brezhnev regime, and the fact that they got to organise such a prestigious event like the Olympic Games of 1980. Many people engaged in the fight for Human Rights were outraged upon hearing that Moscow had been awarded the organisation of that competition, a disgraceful act handing over the Olympic flame to a country so clearly in violation with some of the principles outlined by the more open-minded founders of the modern olympics. The celebration of unity among humans through sport was supposed to be disgraced by a country run by a repressive regime, with high degree of censorship, one that violently cracks down on any dissidence. Furthermore, that image, which in all fairness softened a bit in the 70s thanks to the thaw between US and USSR, was once again on everyones’ tongues because of the invasion the Red Army had launched in Afghanistan. Coming in aid of the embattled communist government there, the Soviets were in clear violation of international law, shocking the world with yet another Cold War era conflict.


The art style of the poster is a reinvention of materials made by the Soviets in promotion of the Olympic games. The olympic circles, one of the most recognizable symbols of the Games, had been made out of barbed wire, clear reference to the detention camp of the GULAG system, and the continuous incarcerations of dissidents in the country. On top of that, Mishka, the happy bear that was the official mascot of the event got reinvented with some of the main attributes of a NKVD officer from the war era. Knee-high boots, a gun at his belt and a red-star hat, giving chill reminders of some of the atrocities committed by the Soviets in World War II, wonderfully contrasted by Mishkas’ warm, optimistic smile.


This poster, though released decades after the work of “Paix et Liberté” from the 1950s, shows that while time was passing, the Soviet Union continued to be a repressive regime, one that needed to be countered, the artistic posters criticizing the communist regime in the east being a great medium through which the critique could have been transferred to the masses.

L’évolution de la représentation des Etats-Unis dans l’imagerie artistique du PCF d’après-guerre : le sentiment d’anti-impérialisme à travers un corpus d’affiches


Par Euleuthère Lamare et Mouraz Daoudi


Nous avons sélectionné un corpus de plusieurs œuvres qui permettent de saisir les différentes représentations des Etats-Unis qu’ont alors le PCF, et en particulier concernant l’impérialisme américain et les conflits auxquels ils participent.

A cette époque, André Claudot qui est communiste, s’engage fortement dans de nombreux combats contre le colonialisme et l’ensemble des guerres qui vont traverser le début de la guerre froide. Dès le début de la guerre du Vietnam, il dénonce l’agression des Américains. Comme lui, de nombreux artistes engagés critiquent les agissements des pays occidentaux.

Au sein du PCF, la critique est d’autant plus acerbe étant donné que les Américains sont les ennemis du communisme, le paroxysme du capitalisme et de l’impérialisme. Une forte production de tracts et d’affiches se développe donc au sein du PCF pour traduire en images et en slogans l’hostilité du parti envers la doctrine américaine.


Affiche n°1 "Non ! La France ne sera pas un pays colonisé ! Les Américains en Amérique !" (1951) - Georges Rival - Imprimerie spéciale du PCF, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.


En 1951, Georges Rival réalise une affiche pour le PCF contre l’impérialisme américain. Sur celle-ci, on voit un immense poulpe se déployant dans tout l’Atlantique qui porte sur son corps le drapeau des Etats-Unis. Dans ses yeux, le signe du dollar remplace ses pupilles, alors que ses tentacules sont occupés à se répandre sur la carte de France, comme s’il voulait paralyser le pays et l’attirer à lui. Le message est sans équivoque : « Non ! La France ne sera pas un pays colonisé ! » et « Les Américains en Amérique ! ». La crainte du PCF à l’époque est en effet l’influence de plus en plus prégnante des Etats-Unis sur l’économie et la politique extérieure française. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la France se reconstruit grâce aux aides américaines (notamment avec le plan Marshall dès 1948) mais doit accepter en contrepartie la domination de Washington. Le PCF refuse cette emprise d’un pays capitaliste, ennemi par définition de l’URSS, qui est alors le modèle du parti communiste français. Le signe du dollar représentés dans les yeux du poulpe montre bien la lutte du PCF contre la dépendance économique et monétaire qu’essaient d’imposer les Etats-Unis en France et en Europe. La crainte ultime est la « colonisation » du territoire comme l’indique l’affiche. Ainsi, l'anti-impérialisme du PCF s’exprime par le refus de la domination américaine en France.


Affiche n°2

Georges Rival et Lamy, Les Américains en Amérique !, 1953, Collections du PCF, Archives départementales de Seine-Saint-Denis.

En 1953, Georges Rival s’associe à Lamy pour produire une nouvelle affiche anti-impérialiste. Cette fois, elle s’appuie sur des éléments très précis qui déclenchent les critiques du PCF : c’est l’installation en France de bases américaines de l'OTAN qui accueillent des soldats et des armes de guerre. L’affiche représente un soldat américain qui patrouille baïonnette au canon derrière un panneau de signalisation. Sur celui-ci sont indiquées les directions des différents sites militaires des troupes américaines installées en France, comme par exemple l’aérodrome de Châteauroux. En fond, des missiles et des blindés sont stationnés, pointant dangereusement leurs canons vers le ciel. A une époque où plus de 25% des électeurs votent communistes, la présence de l’armée américaine en France et en Europe est vécue comme un affront par beaucoup de français. Pour les communistes, cela prouve en effet les volontés impérialistes des Etats-Unis et leur hostilité à la paix. Le panneau « Atomic-bomb depot » atteste également de la grande inquiétude qui commence à se développer au début de la guerre froide, celle des armes nucléaires. Si personne ne connait encore tout le potentiel de destruction de cette arme, elle est pour les pacifistes le symbole de la guerre totale, sans retour en arrière possible.

Affiche n°3

"PAIX AU VIETNAM. Halte à l'agression américaine. Droit pour le peuple vietnamien à fixer son propre destin", 1967, auteur non identifié - Paris Province Impression (PPI)/ Collections du PCF, ©Archives Départementales de la Seine Saint-Denis

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Enfin, cette dernière affiche, d’auteur inconnu et publiée en 1967, témoigne de l’engagement du PCF en opposition avec la guerre du Vietnam. L’affiche représente un globe terrestre sur fond rouge dégradé, avec à l’intérieur, une photo d’une femme vietnamienne avec ses deux enfants. La douleur se lit sur son visage alors qu’elle les garde auprès d’elle. Au-dessus du globe : « Paix au Vietnam » ; en dessous : « Halte à l’agression américaine – droit pour le peuple vietnamien à fixer son propre destin ». Réalisée huit ans après le début de la guerre, l’affiche symbolise à la fois l’exaspération d’une grande partie de l’opinion publique occidentale, fatiguée de ces guerres lointaines et meurtrières, et de la cruauté de la guerre pour les civils vietnamiens, premières victimes des combats entre communistes et Américains. Si dès le début de la guerre, le PCF s’engage contre les Américains pour défendre le parti communiste vietnamien, très vite, c’est pour la fin de la guerre que les communistes français militent. Le Vietnam étant un ancien territoire de la colonisation française (Indochine), le PCF considère que le conflit américain s’inscrit dans la lignée de leur impérialisme qui se veut être le successeur de ses ancêtres européens, qu’ils soient anglais ou français. Comme Claudot, le parti communiste s’engage en faveur du retrait des troupes américaines et pour la paix.

Ainsi, à travers ces trois œuvres, on saisit bien l’évolution rapide du sentiment anti-impérialiste qui se développe dans l’après-guerre au sein du PCF. Dirigés contre les Américains, à la fois ennemis de l’URSS et de la paix, les communistes refusent l’expansion étasunienne, qu’elle soit économique, militaire et géopolitique en Europe et militaire au Vietnam.

L'engagement antinucléaire du PCF

Helysa Crichan, Leo Hervada et Lucie Grandjean


Affiche 1 : André Fougeron, " Interdiction de l'arme atomique. Appel lancé de Stockholm le 19 mars 1950 par le comité du Congrès mondial des partisans de la paix [...]. Français, Françaises, signez cet appel. Tous unis, défendez la paix.", 1950, ©André Fougeron - Indivision Fougeron - Imprimerie du PCF / Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis


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Après le développement de l’arme nucléaire par les Etats-Unis en 1945 puis par l’URSS en 1949, de nombreux mouvements pacifistes à travers le monde demande son interdiction. C’est notamment le cas du Mouvement Mondial des Partisans de la Paix, constitué à l’origine d’anciens résistants français et d’intellectuels contre l’arme atomique, mais qui sera ensuite rapidement récupéré et contrôlé par le Mouvement Communiste International. Dans cette optique, le Mouvement Mondial des Partisans de la Paix lance l’appel de Stockholm (1950), une pétition a portée internationale réclamant l’interdiction de l’arme atomique. Cette pétition sera un succès et récoltera plus d’une dizaine de millions de signatures en France. Elle sera notamment signée par de nombreuses personnalités influentes telles que le physicien et chimiste français Frédéic Joliot-Curie (Prix Nobel en 1935 avec son épouse Irène Joliot-Curie et 1er signataire), Pablo Picasso, Yves Montand ou encore même Jacques Chirac.

Ainsi le PCF a produit des affiches pour en faire la promotion, notamment celle-ci. Elle est réalisée par André Fougeron, figure majeure du courant di du "nouveau réalisme" français qui tente d'adapter à la France les canons du réalisme socialiste, et l’un des peintres officiels de la propagande du PCF. Cette affiche montre une petite fille morte sous les bombes nucléaires, entourée de tombes, une ville en ruine en arrière plan. L’appel complet y est retranscrit et les slogans enjoignent le peuple français à faire ce qui est juste et signer la pétition pour défendre la paix. On retrouve dans cette affiche des éléments distinctifs du courant du Nouveau réalisme. Même si pour s'adapter au matériau qu'est l'affiche, le trait est simplifié, les formes sont stylisées et que l'on ne sait pas spécifiquement ou cela se passe, la scène est figurative et se veut réaliste, et ancré dans un contexte politique et social. Il s'agit de rappeler les destructions qui ont touché des millions de villes et de villages en France et ailleurs, ainsi que tous les morts liés à la Seconde Guerre mondiale. Les couleurs utilisées sont marquées et contrastées. L'attention du spectateur est portée sur l’émotion saisissante provoquée par la représentation crue et brutale de la petite fille morte et en sang au centre. Le but est alors de convaincre le spectateur par le choc. Un choc qui doit l'amener à refuser toute nouvelle guerre, ceci dans le contexte nouveau de la Guerre froide. Mais nous ne sommes pas ici dans une représentation de la confrontation des deux blocs. Le texte est suffisamment général pour pouvoir attirer non seulement les communistes et leurs sympathisants, mais également toutes les personnes refusant la guerre. Les couleurs de l'affiche reflètent aussi ce discours très englobant, puisque, en dehors des couleurs sombres (le noir de l'arrière plan et le brun du sol), c'est un bleu, blanc (plutôt crème en fait), rouge très patriotique qui ressort des textes.


Affiche 2 : M. Mendès-France et 286 députés ont dit oui à la Wehrmacht dotée d'armes atomiques ! La France dit non ! Elle ne reconnaîtra jamais les accords scélérats de Londres et de Paris, auteur inconnu, janvier 1955, Imprimerie du PCF / Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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En 1954 se réunissent les Neuf Puissances occidentales (France, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Italie, Canada, Etats-Unis et RFA) et sont signés les accords de Paris et de Londres, traitant de la question de l’entrée de la RFA dans l’OTAN et ainsi du réarmement de la RFA après la Seconde Guerre mondiale. Dans ces traités, les puissances occidentales acceptent un réarmement de l’Allemagne de l’Ouest en y imposant des limites : elle a l’interdiction de fabriquer des armes atomiques, biologiques ou chimiques et de mettre ses forces à disposition de l’OTAN. En France, l'Assemblée nationale débat des Accords de Paris entre le 20 et le 30 décembre 1954. Les quatre projets de loi soumis au vote sont finalement adoptés, en grande partie grâce au fort soutien que le Président du Conseil, Pierre Mendès France y apporte. Ces accords inquiètent beaucoup une partie de la population française qui a peur que l’Allemagne se serve à nouveau de ses armes pour attaquer ses voisins. Dans une logique de Guerre froide, l’URSS dénonce aussi violemment ces accords comme une mise en danger de la paix. C’est pourquoi le PCF dans la lignée de Moscou, va s'engager dans une campagne d'opposition frontale à ces accords, tout comme il rejettera la Communauté européenne de défense (CED), une campagne dont fait notamment partie cette affiche.

On peut y voir une explosion atomique déclenchée par un officier nazi. Cette affiche dénonce le Parlement français et les accords jugés scélérats et appelle au rejet de ceux-ci par le peuple français. Pour convaincre les Français, l’affiche s’appuie à nouveau sur les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale et de les peur d’un retour à la guerre. Il montre donc implicitement que la guerre serait la conséquence naturelle d’un réarmement allemand, et cette sombre perspective est illustrée par la PCF par ce soldat allemand dans l’ombre, représentant la menace nazie prête à émerger à nouveau dès que l’occasion se présentera. Afin de faciliter au maximum la transmission de son message et d’induire ce sentiment d’inquiétude chez les spectateurs, l’affiche multiplie les parallèles et mélange les signes distinctifs des SS et de la Wehrmacht, dans une volonté de coller à la représentation que se font les Français de l’ancien occupant. De plus, le PCF insiste sur son image de “Parti des fusillés”, héritier de la Résistance qui a sauvé la France, et revendique son statut de garant de la moralité et de la force de la nation française. Cela se traduit notamment par le choix patriotique des couleurs bleu-blanc-rouge, rappelant que le PCF est le seul parti travaillant réellement dans l’intérêt de la nation.


Affiche 3 : Rampes de lancement américaines... Sans consulter le parlement, le gouvernement a dit : oui... Les Français répondent : non ! Parti communiste français (PCF), Auteur non-identifié, 1958, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Bagnolet, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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Cette affiche de 1958 montre le refus catégorique du PCF pour l’installation de rampes de lancement américaines en France, alors que ces dernières auraient été acceptées par le gouvernement français. En effet, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et dès les prémices de la Guerre froide, l’OTAN est institué, dans le but des Etats Unis de poser les bases d’une solidarité entre l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale pour faire face à l’adversaire qu’est l’URSS. A cet instrument de défense qu’est l’OTAN, une politique offensive est tout de même instaurée. Cela mène à l’implantation sur le territoire français de 13 bases, surtout concentrées dans l’Est de la France, comme c’est le cas à Chaumont où, entre 1951 et 1956 a été progressivement aménagée une grande base aérienne. A partir du début des années cinquante, les militaires américains vont alors s’installer dans les villes concernées, ce qui va mener à d’importants bouleversements dans la vie locale. Mais ce qui gêne ici vraiment le PCF c’est l’idée que ces bases préparent, en quelques sortes, à une guerre atomique. En effet, la base de Chaumont devait ainsi abriter des vecteurs et des armes nucléaires, ce que le Parlement française refusera en 1960, après l'arrivée de de Gaulle au pouvoir. L'un des points de confrontation à l'époque pour le PCF est aussi la nomination comme commandant en chef des forces terrestres de l'OTAN pour le « Centre Europe » en avril 1957 du général Hans Speidel, car pour les communistes, il aurait été impliqué dans la répression à l’époque de l’Occupation. Des fils de déportés français refusent alors d'effectuer leur service militaire sous les ordres de celui qu'ils jugent comme l'assassin de leur père ou de leur mère. De fait, le général fait partie de ces officiers allemands à l'origine de l'attentat de juillet 1944 contre Hitler, ce qui explique son parcours. Mais comme on le sait, le PCF accorde alors une place importance à son passé résistant (“parti des 75 000 fusillés”). C’est donc pour ces raisons que le PCF va s’opposer à l’implantation sur le sol national de rampes de lancement atomiques, d’où cette affiche.

Aussi, le PCF joue sur ce patriotisme dans le choix des couleurs dont l'ensemble reforme le bleu blanc rouge du drapeau français. Mais c'est avant tout la couleur rouge qui attire l’oeil et dirige le regard sur la tête de mort, placée au centre de l’affiche. Alors que les couleurs utilisées sur cette affiche sont plutôt claires, le dessin noir de la rampe de lancement forme un fort contraste et met d’autant plus en exergue le sujet de l’affiche.


Affiche 4 : Robotnicy Polscy ! Popierajcie plan Rapackiego, auteur inconnu, 1958, PCF - Fédération du Nord-Pas-De-Calais, Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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Traduction : Travailleurs Polonais ! Soutenez le plan Rapacki

Cette affiche éditée par la section Nord Pas de Calais du PCF, présente la particularité frappante d'être rédigée en polonais. En effet, la France a connu une immigration massive de Polonais dans l'entre deux guerres (au début de la Seconde Guerre mondiale ils sont près d'un demi million). Ils se sont en particulier fixés dans les grandes régions industrielles du Nord et de l'Est de la France, notamment le secteur minier du Nord-Pas-de-Calais. L'affiche est donc sûrement rédigée en polonais pour inciter les ouvriers et fils d'ouvriers du Nord-Pas-de-Calais à s'engager pour le plan Rapacki. Le plan Rapacki est un projet de désarmement nucléaire commun de la Pologne, la Tchécoslovaquie et des deux Allemagnes proposé en 1957 pendant la 12e assemblée générale des Nations unies par le ministre des affaires étrangères de la République populaire de Pologne de l'époque, Adam Rapacki. Présenté par la Pologne communiste comme un des éléments de la « politique de paix » en Europe du camp soviétique. Ce plan s'inscrit aussi dans un contexte de dégel polonais avec la nomination de Władysław Gomułka à la tête du pays, tout comme dans le contexte d'inquiétudes liées à la remilitarisation de l'Allemagne de l'Ouest. Ce plan devait créer en Europe centrale une zone dénucléarisée. Il est rejeté par les puissances occidentales qui refuse en fait l'objectif stratégique d'affaiblissement de l'OTAN par rapport au Pacte de Varsovie. L'affiche appelle à se mobiliser pour soutenir le plan et éviter une dérive nucléaire qui ferait encore plus de victimes dans un pays qui a connu “7 millions de morts pendant la Seconde Guerre mondiale” (même si cela reste des estimations, on pense en fait aujourd'hui que les Allemands ont tué 3 millions de citoyens juifs-polonais et près de 2 millions de Polonais non juifs au cours de la guerre) et mettre fin à la course aux armements, pour une cohabitation pacifique. Ce plan s'est donc vu refuser par l'Occident le jugeant désavantageux et remettait en cause l'équilibre des puissances de l'époque. L’affiche donne son soutien de manière sobre mais efficace au plan Rapacki, en présentant en quelques phrases ses enjeux et en interpellant à deux reprises les travailleurs polonais en gras, pour qu’ils s’engagent. L’affiche insiste sur l’ambition du plan grâce à une carte représentant les quatre Etats concernés, en ajoutant que le plan couvrirait presque “800 mille kilomètres carrés”. Cette affiche a donc aussi pour but de représenter le communisme comme le courant politique européen le plus pacifique et qui agit sur tout le continent.


Affiche 5 : Zéro arme nucléaire d'ici l'an 2000. Paix : la chance à saisir. Arrêt des essais nucléaires. Economie de 40 milliards dès cette année sur les dépenses d'armement [...]. Point de rencontre pour le vote Lajoinie, auteur inconnu, PCF, 1988, Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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Cette affiche qui, comme on peut le voir, promeut la fin des essais nucléaires et la diminution des dépenses de guerre froide, est liée à la campagne présidentielle de 1988 à laquelle le député communiste et président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, André Lajoinie, se présente. La question du désarmement, dans les années 1980, est en plein essor. Alors que l’ONU appelle à l’élimination des armes nucléaires dès 1946, ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié des années cinquante que cette idée commence à se faire sa place sur la scène internationale, avec la signature de premiers traités. Le mouvement pour le désarmement se poursuit et s’intensifie au cours des décennies : de nombreuses parties du monde deviennent dénucléarisées, et les contestations deviennent de plus en plus fréquentes par le biais d’ONG telles Greenpeace par exemple. Elle s'insère bien sûr dans un contexte large de Guerre froide, dans lequel le président américain Ronald Reagan, a joué un rôle important. En effet, au début des années 1980, tranchant avec l'attitude de son prédécesseur, Ronald Reagan adopte un ton de très forte méfiance face à l'URSS. Il relance une course aux armements (Pershing), ce qui fait craindre une guerre nucléaire en Europe, alors que des missiles soviétiques (SS 20) sont braqués sur toutes les capitales européennes occidentales. Mais à partir de 1985, Ronald Reagan et le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev renouent le dialogue reconnaissant que les deux pays ne devront jamais se livrer une guerre nucléaire. C'est le début du démantèlement des missiles, même si, en 1986 Ronald Reagan refusera d'en finir avec "la guerre des étoiles" ( bouclier nucléaire américain contre les missiles).  Elle s'inscrit dans un discours pacifiste communiste dont l'origine date de la fin des années quarante (Mouvement de la paix évoqué plus haut). Cependant, nous sommes en 1988. C'est donc avant tout le gouvernement dirigé par le gaulliste Jacques Chirac (qui est aussi candidat à la présidentielle) et plus largement l'État français présidé par François Mitterrand, à l'époque candidat à sa réélection, qui sont visés. C'est la France puissance nucléaire depuis 1960 qui est condamnée et le budget accordé au Ministère de la Défense pour défendre un rang de grande puissance dans le monde, qui est jugé trop important. Pour le PCF, le contexte international de l'époque ne justifie pas de telles dépenses, la sécurité du territoire n'étant pas menacée. Ces dépenses devraient donc selon lui être allouées à des crédits sociaux, notamment dans le domaine de l'éducation. Ce qui est également intéressant c’est surtout de voir que, dès 1988 on prône déjà la fin de l’arme nucléaire avec un objectif zéro fixé pour l’an 2000. Si De nos jours cet objectif existe encore et est fixé environ pour 2030.

Cette affiche, contrairement aux autres, est à peine illustrée. Le message n’est donc pas résumé à un slogan mais à quatre points facilement repérables sur l’affiche.

La neuvaine de de Gaulle


Antoine Asselin


Intitulé La Neuvaine de de Gaulle ou La Neuvaine à la chandelle verte, ce tableau est celui qui m’a le plus intrigué lors de l’étude des œuvres de Claudot. En effet, c'est une caricature du Général de Gaulle tenant un cierge. L’arrière-plan semble brouillon, avec de nombreux éléments très divers, ce qui est assez caractéristique de l'oeuvre d’André Claudot à cette époque. On y retrouve des symboles qu’il est possible de distinguer sur d'autres tableaux comme la tête de mort en haut à gauche.



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André Claudot, La Neuvaine à de Gaulle, 1958, Détail, Collection privée, DR.


Cette œuvre est bien sur politique. La couleur rouge omniprésente pourrait à la fois signifier l’attachement de Claudot à ses convictions communistes tout en dénonçant la guerre où le rouge est la couleur du sang. Il est tout d’abord pertinent d’étudier la position du général de gaulle qui se tient droit, semble être en mouvement comme s’il marchait au pas de soldat avec cet air d’automate. Ensuite il lève le bras, doit-on y voir une allusion du peintre au lever de bras du « Heil Hitler », dénonçant ainsi le fascisme ? Sans doute. L’arrière-plan est aussi tourné vers le monde de la guerre et de la mort à l’image de l’ange qui tient dans ses mains un pistolet et qui pourrait devenir un soldat. Le cierge et l'ange sont sans doute aussi là pour souligner les convictions catholiques du général, que rejettent l'anticlérical André Claudot.

André Claudot déclare dans une interview en 1979 : « Et bien il s’agit du Grand Charles, c’est-à-dire le général de Gaulle. Si son appel de Juin 40 m’a ému, il s’est bien chargé par la suite de déboulonner sa statue c’est pourquoi je ne le ménage pas. Oui je l’ai représenté, à l’époque, où il se demandait s’il n’allait pas établir en France un régime Salazar, alors je l’ai montré au pas de l’oie avec la chandelle verte et des angelots à mitraillettes, des angelots parachutistes, c’est tel que je le voyais et je le sentais. »

Ce tableau a été peint en 1958 au moment où le général arrive au pouvoir suite à la crise politique provoquée par la guerre d'Algérie. En se replaçant dans le contexte, il ne nous faut pas oublier qu’une partie de la gauche française dénonçait cette arrivée au pouvoir comme un coup d’Etat. François Mitterrand parle d’un « Coup d’Etat permanent ». En Mai 1958 pourtant, suite à l’inquiétude des journalistes, le général a déclaré : « Je ne commence pas une carrière de dictateur ». Cependant pour certains qui ont combattu le fascisme, le doute est encore possible ce qui expliquerait la comparaison avec Hitler. C'est du moins le langage tenu par le PCF. Or, à cette époque, André Claudot est engagé aux côtés du parti communiste. En juillet 1958, il réalise pour le parti communiste une grande fresque qui servira pour un fête de la Fédération de la Côte d'Or du PCF. En haut de cette fresque, Claudot peint ce slogan très explicite : "Non au fascisme !". Il peint aussi d’autres tableaux sur de Gaulle et semble généraliser cette critique. En effet, il peint aussi de Gaulle en le représentant comme une brute avec une massue. Peut-être faut-il voir une allusion au général Massu, et la crainte de voir de Gaulle poursuivre la politique menée par les militaires français en Algérie.

Dans ce contexte changeant de l’année 58, gaullistes et communistes s'affrontent violemment. Tous deux glorifiés par un mythe résistancialiste, ayant ensuite versé leur même dégout de la quatrième république, le général de Gaulle parvient au pouvoir alors que les communistes restent dans l’opposition. Les deux camps se déchirent surtout au sujet de la guerre d’Algérie. Alors que le PCF est favorable à la fin de la colonisation (même s'il a voté les crédits de guerre à Guy Mollet en 1957), les gaullistes se prononcent encore largement pour le maintien d'une Algérie française. C’est d'ailleurs ce qui permet le retour au pouvoir du général dont les promesses ambigues du 3 juin 1958 ("Je vous ai compris") ne seront pas tenues pour tout le monde.


D’un point de vue artistique, cette œuvre s’inscrit dans un courant figuratif où André Claudot revendique la couleur comme centrale. On pourrait aussi y voir des influences venant de l'expressionisme allemand, ou de la peinture de Georges Rouault.

Témoin d’une période troublée où plus que jamais les forces politiques s’affrontent, la Neuvaine à de Gaulle est un exemple de la réaction artistique à un moment d'Histoire, d'un peintre engagé depuis des décennies. André Claudot utilise ici l’Art comme un moyen d’expression et de lutte politiques.


ANDRÉ CLAUDOT CONTRE LA GUERRE AU VIETNAM


Augustin Leclercq


De 1955 à 1975, un affreux conflit ensanglante la péninsule vietnamienne : la guerre du Vietnam. Les communistes établis au nord du pays tentent de convaincre leurs voisins du Sud de se libérer des chaines du capitalisme. Les Etats Unis, alliés du Sud-Vietnam, ne sont pas d’accord avec cette idée, et à partir de 1965 interviennent massivement au Vietnam… Cette politique accompagnée de bombardements massifs, frappant indistinctement les combattants comme les civils va déclencher contre elle un vaste mouvement d’opposition, dans tous les pays et tous les milieux.


André Claudot va s’engager fermement contre la guerre au Vietnam. Il n’en est pas à son coup d’essai : il a été de tous les grands combats de son siècle.

Ancien combattant en 1914, pacifiste devenu antifasciste engagé pour le camp républicain lors de la guerre d’Espagne, il a failli partir s’y battre, mais est finalement resté à Dijon. Il abandonne son antimilitariste pour s’opposer à une idéologie qu’il considère comme l’incarnation même de la guerre. A 50 ans, il s’engage donc dans la Résistance contre Hitler au sein du Front national communiste. Très marqué par l’engagement des communistes, il adhérera à leur parti après la guerre. Il vilipendera ensuite la guerre d’Algérie et l’autoritarisme supposé du général de Gaulle.

Le drame vietnamien va toucher tout particulièrement Claudot : depuis son séjour chinois, il apprécie l’Asie, et surtout il pense que le communisme est l’avenir du Vietnam (en même temps, il est engagé au parti communiste : Claudot n’a jamais caché ses convictions à qui que ce soit).

Il s’engage dans la lutte contre la barbarie américaine avec ses armes de toujours : ses pinceaux. Il passe ses nuits à peindre des affiches qui seront le lendemain affichées dans les rues de Dijon.


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André Claudot, "Ça ne t'émeut donc pas l'effroyable agonie des enfants brûlés au Vietnam", 1968 à 1970's, DR, © R. Mazuy (Photographie)

Très simples, ses affiches rappellent le travail de Ben, mais en plus engagé. Ainsi, si Claudot écrit à la main, c’est parce que pour lui cela frappe plus le public. D’un coup, l’affiche paraît plus humaine. Claudot n’hésite pas à interpeller directement celui qui la regarde : celui-ci est forcé de s’interroger sur son positionnement au sujet du Vietnam.


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André Claudot, "Restez froid devant l'enfer (réel) du Napalm; - n'est-ce pas souscrire à son propre autodafé", 1968 à 1970's, DR, © R. Mazuy (Photographie)


Claudot va aussi s’engager par la peinture. Il effectue un grand tableau qui représente les bombardements au Napalm sur le Vietnam. Il en fera des cartes postales, qui recevront des remerciements de la part de la ministre des affaires étrangères du Sud Vietnam.

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André Claudot, Etude pour le Vietnam, 1969 à 1971, DR, ©David Brenot


Claudot a vécu l’enfer de Verdun, il comprend donc particulièrement bien le drame des bombardements, et cela se voit dans sa peinture. Il nous fait revivre le moment précis de l’impact, quand les corps s’envolent déchiquetés…

Claudot fait vivre son engagement par la peinture, c’est ce qui le rend si attachant.


LE PCF et le nucléaire Anna Emilie Wehrle

La mobilisation du PCF autour de la question du nucléaire illustrée à l'aide de quatre affiches du PCF diffusées entre 1950 et 1965.

Affiche 1 : André Fougeron, "Interdiction de l'arme atomique. Appel lancé de Stockholm le 19 mars 1950 par le comité du Congrès mondial des partisans de la paix [...]. Français, Françaises, signez cet appel. Tous unis, défendez la paix.", 1950, ©André Fougeron - Indivision Fougeron - Imprimerie du PCF / Collections du PCF, ©Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

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L’Affiche « Interdiction de l’arme atomique » fait appel aux Français pour signer la pétition contre l’armement nucléaire, appel lancé à Stockholm le 19 mars 1950. L’affiche est éditée, imprimée et donc signée par le Parti Communiste français. L’auteur est le peintre André Fougeron, devenu depuis 1948 le fer de lance de la politique artistique du Parti, fondé sur un mouvement artistique inspiré du réalisme socialiste, le Nouveau réalisme.

André Fougeron reprend ici quasiment son affiche de 1948 intitulée : "La destruction de la France par l'alliance avec l'Allemagne. La guerre contre l'URSS. Voilà ce qu'on nous prépare. Contre ça, union et action. Il faut sauver la paix.", mais s'il change le texte de son message pacifiste. L’affiche fait usage de nombreux motifs classiques dans la propagande pacifique, notamment la petite fille innocente dans une robe d’été, qui est assassinée par les bombes atomiques tombant du ciel. En arrière-plan brûle un village qui est entouré de nombreuses tombes. Dans la partie basse de l’affiche prennent place les appels à la population qui contiennent un extrait de l’appel de Stockholm du 19 mars 1950, un appel à signer celui-ci et un appel à la défense de la paix. Bien que figurative, cette affiche est caractérisée par des représentations symboliques qui sont beaucoup plus représentatifs que profondément réalistes. La fille qui saigne, par exemple, ne peut guère être considérée comme une victime classique d’une arme nucléaire. En effet, les bombes atomiques brûlent généralement profondément les personnes touchées par leur impact, alors que la fillette ressemble plus à une personne poignardée ou abattue par une balle, même si les blessures ne sont pas apparentes puisqu'elle est représentée le ventre contre terre. Les maisons brûlées de l’arrière-plan sont bien évidemment également représentées de manière outrancière et les tombes sont utilisées comme des symboles soulignant la haute mortalité civile des attaques nucléaires. En plaçant au centre de l'affiche cette fillette blonde, Fougeron reprend donc ici plus des représentations de villes européennes (voire françaises) après des bombardements classiques de la Seconde Guerre mondiale, que des photographies d'Hiroshima après la bombe lancée le 6 août 1944.

L’appel de Stockholm fût lancé par le Mouvement mondial des partisans de la paix, une organisation internationale pacifiste d’orientation communiste, qui est aujourd’hui devenu le Conseil mondial de la paix et siège à Vienne. L’appel a été signé en premier par Frédéric Joliot-Curie, un physicien et chimiste (prix Nobel de chimie en 1935 avec son épouse Irène Joliot-Curie) et communiste français. Président du présidium du mouvement de 1949 à 1958, il a également été haut-commissaire du Commissariat à l’énergie atomique. L’affiche s’inscrit dans une campagne mondiale de signatures qui va permettre de réunir plus que 500 millions signataires. Cependant, en dépit de son succès, les quatre cinquièmes de ces signatures provenait de l’URSS, de la Chine et des autres pays communistes. Pourtant, l’appel s’est bien propagé au-delà des sphères communistes, notamment en Italie et en France, où il touche en particulier des Chrétiens. Suite au premier usage d’une arme nucléaire en 1945 de la part des États-Unis à Hiroshima et à Nagasaki au Japon, au premier test d’une arme nucléaire soviétique en 1949 et au début du conflit entre ouest capitaliste et est socialiste qui allait mener à la Guerre froide, l’appel s’inscrit dans un mouvement pacifiste où le mouvement communiste joue un rôle très important, mais qui touche bien au delà des rangs des communistes. C’est ainsi que l’appel a été soutenu par des nombreux artistes, intellectuels et politiciens communistes ou proches des communistes comme Pablo Picasso, Louis Aragon, Yves Montand, Gérard Philippe, mais aussi par des non communistes comme Jacques Chirac, Lionel Jospin ou le chanteur Maurice chevalier. Même si l’organisation et ainsi l’appel ont été fortement influencés par les partis communistes internationaux et surtout orientaux, le champ lexical utilisé dans l’appel et et donc sur l’affiche essaye d’éviter la phraséologie communiste, reprenant des termes qui sont ceux tenus au moment du Procès de Nuremberg (crimes de guerre,

L’affiche semble donc bien s’adresser à la population française toute entière, notamment au travers des phrases comme « tous unis ». La peur de la menace d’une guerre nucléaire donnait effectivement la possibilité pour le PCF de s’adresser à une pluralité de français, surtout aux lendemains de la guerre. Néanmoins, l’Appel de Stockholm était pour beaucoup en Occident rejeté comme étant une mobilisation communiste sous le couvert du pacifisme et de la peur de la bombe.

Affiche 2 : Rampes de lancement américaines... Sans consulter le parlement, le gouvernement a dit : oui... Les Français répondent : non ! Parti communiste français (PCF), Auteur non-identifié, 1958, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Bagnolet, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis


L’affiche publiée par le Parti communiste français en 1958 dénonce un consentement apparemment donné de la part du gouvernement français aux Américains pour autoriser le stationnement de rampes de lancement américaines sans pour autant avoir consulté le Parlement français.

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Sur l’affiche est représentée sur un fond rouge la France en bleu, marqué par un crâne et en premier plan une rampe de lancement avec un missile. Le texte est en bleu et blanc et l’affiche est signée par le PCF (l'auteur est anonyme). Sir les trois couleurs du drapeau français sont bien présentes, le rouge domine cependant la palette chromatique.

Elle s’inscrit en fait dans un contexte de politique intérieure française et de politique internationale complexe : le gouvernement de Félix Gaillard avait effectivement proposé aux Américains la possibilité de laisser stationner des rampes de lancement américaines sur le sol français sous la condition d'obtenir un soutien en Afrique du nord (guerre d'Algérie). Avec l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle et la chute de la IVe République, le stationnement des rampes de lancement américaines en France est abandonné en 1960 du fait du refus de de Gaulle (mémorandum adressé à président américain Eisenhower.

L’affiche publiée en janvier 1958 va donc se révéler totalement fausse quelques mois plus tard. Elle diffuse une version exagérée et propagandiste de la situation, en laissant penser que les rampes de lancement ont été définitivement autorisées, en dépit du soit-disant refus de l'opinion française. Les conséquences de cette autorisation sont illustrées de manière outrancière : l’affiche évoque l’impression qu’un tel stationnement aurait un effet fatal (le crâne). Elle semble aussi mettre sur un pied d'égalité le stationnement des rampes avec une agression nucléaire ou même avec une guerre nucléaire. Elle présume aussi le rejet de l’opinion françaises (« les Français disent non »), alors qu'il n'a jamais été question de référendum sur le sujet.


Affiche 3 : Alerte ! Danger de mort.. des avions américains chargés de bombes H survolent la France en permanence, Auteur non-identifié, 1958, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Bagnolet, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

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L’affiche du Parti communiste français publiée également en janvier 1958 dénonce le survol d’avions militaires américains « en permanence » chargés de « bombes H », des armes nucléaires, qui poserait un « danger de mort ». Sur le premier plan est représentée une famille, une mère qui a deux enfants dans ses bras, qui regardent choqués et effrayés le ciel dans lequel planent des avions qui forment un H, ce qui symbolise dans ce cas les armes nucléaires en général (même si des bombes H sont des bombes nucléaires particulières, des bombes à hydrogène/fusion ou des bombes thermonucléaires).

L’affiche intitulé d’« alerte ! » s’inscrit dans la mobilisation du PCF et de nombreux partis et mouvements pacifistes et communistes contre l’armement nucléaire. L’affiche s’inscrit également et bien évidemment dans une logique anti-américaine très présente au sein des partis communistes dans les années 1950 et même pendant toute la période de la Guerre froide.

Ce qui est intéressant, c'est qu’elle ne donne aucune information précise : il n’est ni précisé pourquoi et dans quelles directions les avions survoleraient la France chargés de bombes nucléaires et il n’est pas clarifié ce qu’« en permanence » veut exactement dire. On reste dans un flou qui permet d'entretenir la peur. Au début de la Guerre froide, les États-Unis ont cependant effectivement fait installer des armes nucléaires dans les pays européens membres de l’OTAN et alliés des Américains. Au pic de l’armement nucléaire international, plus que 7300 armes nucléaires américaines étaient stationnées en Europe. Bien entendu, comme il s'agissait d'informations militaires et stratégiques, ni leurs déplacements, ni leurs positions exactes n'étaient publiés. On peut également douter du fait que l'ensemble des armes nucléaires ait été transporté en avion en survolant la France, vus les risques inhérents au trafic aérien. Les armes étaient en fait principalement transportées par navires ou par sous-marins. On peut donc remettre en cause le fait que les armes nucléaires américaines survolaient la France « en permanence », comme l'indique l'affiche.

Avec ses informations vagues, exagérées ou même fausses, l’affiche s’adresse directement aux citoyens français et entretient une peur très présente dans les sociétés de l’après-guerre et de la Guerre froide : la peur des bombes atomiques. Même si Hiroshima et Nagasaki ne signent pas immédiatement la prise de conscience des conséquences fatales et désastreuses d'une utilisation de l'armement nucléaire, avec l'arrivée de la bombe soviétique en 1949, la peur d’une explosion nucléaire et d’une guerre nucléaire marquant la fin de l’humanité est devenue très présente dans les deux camps.

L’affiche mobilise alors cette peur en la liant avec les États-Unis en dénonçant le danger dans lequel ils mettent ou semblent mettre les Français. En diabolisant les Américains et en les dénonçant comme la principale source de danger dans un pays allié avec les États-Unis contre le bloc communiste, le PCF se met ainsi à l'écart du reste de la société, ce que la propagande anticommuniste s'efforce de souligner. Contrairement à la précédente affiche, le bleu, blanc, rouge patriotique est ici abandonné au profit d'un rouge très dominant et représentatif du communisme.

Affiche 4 : "Pas d’armes atomiques aux revanchards allemands. Désarmement.", auteur non-identifié, 1958, Éditeur / Imprimeur : Paris Province impression (PPI), Bagnolet, Collections du PCF, © Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

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L’affiche du Parti communiste français de 1965 revendique « pas d’armes atomiques aux revanchards allemands » et « désarmement ». Elle s'inscrit comme les deux précédentes dans une campagne du PCF pour le désarmement et notamment pour le désarment nucléaire qu'on retrouve aussi chez d'autres mouvements, pacifistes et non-communistes pendant la Guerre froide. L’arrière-plan de l’affiche est rose et violet si on excepte les gris du champignon atomique, le noir de l’aigle et le blanc des textes. En dehors du slogan, on trouve seulement aussi la signature du PC français. Sur l’affiche sont donc représentés un nuage d’un champignon atomique et l’aigle qui est le symbole de la République fédérale allemande aujourd'hui encore. Le champignon atomique ressemble cependant aux contours des frontières allemandes actuelles avec l’aigle posé sur Berlin. Aussi, on peut se demander s'il s’agit vraiment d’une affiche des années soixante, période pendant laquelle l’Allemagne était encore partagée en RDA et RFA ?


Ce qui est significatif ici est l’utilisation des sentiments négatifs envers l’Allemagne et les Allemands jugés « revanchards » à des fins de mobilisation pacifique et pour le désarmement. Un parallèle implicite est fait entre l'Allemagne de l'Ouest de 1965 et l'Allemagne nazie, et même avec l'Allemagne impériale, longtemps jugée comme seule responsable de la Première guerre mondiale. Pourtant la RFA a renoncé à plusieurs reprises à toute fabrication et possession d’armes nucléaires, notamment lors de son adhésion à l’OTAN en 1954. Néanmoins la République fédérale dispose alors d'armes nucléaires sur son territoire, du fait des bases américaines stationnées en Allemagne. Les premières armes nucléaires américaines stationnées en Allemagne de l’Ouest datent de 1953, même si elles ne sont connues du public qu’en 1957. Pendant les années 1960, en dépit de la naissance d'un mouvement pacifiste qui s'oppose à leur installation, elles sont toujours là.


L’affiche du PC mobilise alors les peurs et l’aversion d'une partie des Français contre les Allemands pour les sensibiliser à la menace des armes atomique et les mobiliser dans sa lutte pour le désarmement. Une stratégie politique qui pourrait sembler à l’écart des autres partis qui s’intéressaient alors à l'intégration européenne ou contradictoire par rapport à la politique de rapprochement avec la RFA initiée par le couple de Gaulle Adenauer dans les années soixante. Mais pourtant, en 1965, avec l'arrivée au pouvoir en RFA du nouveau chancelier Ludwig Erhard, les relations se refroidissent entre la France et l'Allemagne. En effet, contrairement à son homologue français, le chancelier allemand est atlantiste, favorable à l'adhésion du Royaume-Uni au Marché commun que de Gaulle va à nouveau refuser deux ans plus tard, et favorable à une large zone de libre-échange en Europe. L'organisation de la défense de l'Occident et les relations avec l'OTAN sont autant de sujets conflictuels entre la France et l'Allemagne à cette date. "De Gaulle s’inquiète d’un renforcement du poids de la RFA au sein de l’OTAN et craint qu’elle accède, par le biais du projet américain de Force de frappe nucléaire multilatérale (MLF), à l’arme atomique. À plusieurs reprises, le président français expose au chancelier la possibilité d’une protection française, mais pour Erhard, les seuls capables d’offrir une garantie de sécurité à son pays restent les États-Unis. Ceci a pour résultat l’éloignement du général de Gaulle de la coopération franco-allemande. À partir de 1965, un rapprochement s’amorce alors avec les pays de l’Est et avec l’URSS." (Le "couple franco-allemand" et l'Europe à travers la caricature (1945-2013)", "Des débuts difficiles (1963-1974)", cvce.eu, [consulté le 7 mai 2020] Ainsi comme en témoigne aussi l'absence du rouge, le PCF rejoint en fait ici les gaullistes sur des positions anti-allemandes, qui utilisent des ressorts mémoriels liés aux deux guerres, et qui sont également sur des positions anti-OTAN (la rupture définitive avec l'OTAN datant de 1966).

 
 
 

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