Compléments - Des Peintres entre la France et la Chine
- Rachel Mazuy

- 7 mai 2020
- 12 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 mai 2020
Suite des travaux sur la Chine des années vingt. Lin Fengmian, Li Keran et Xianwei Zhu. Ecrit par Théo Benegni (Lin Fengmian, retour sur une vie, Anna Emilie Wehrle (L'art chinois et l'art européen, une rencontre) et Eleuthère Lamare (Chu Teh-chun).
Lin Fengmian, retour sur une vie. Théo Benegni NB. : cliquez sur les images ou les liens en bleu pour découvrir les oeuvres...
Artiste chinois né en 1900 à Meixian et mort en 1991 à Hong Kong. Il est l’un des plus important artiste moderne chinois, partisan d’une occidentalisation artistique. Retour sur la vie de l’artiste...

André Claudot, "L'Institut national des arts de Hangshow (Si-ou), Li Fong-Min [Lin Fengmian]", L'Essor, 1927, Collection privée, ©Edouard Barra.
Sa mère est vendue alors qu’il n’a que 7 ans. Il ne la reverra jamais. Il s'intéresse à la calligraphie et à la peinture traditionnelle chinoise. Il fut l'un des premiers artistes chinois à étudier en France de 1918 à 1925 grâce à un programme d’études impulsé par le réformateur Cai Yuanpei. Il étudie d'abord la sculpture à Dijon entre 1920 puis est formé aux Beaux-arts à Paris où il reste jusqu’en 1925. Il présente ses peintures à Strasbourg pendant l’Exposition d’art ancien et moderne chinois de 1924. Toujours sous l'impulsion de Cai Yuanpei, il fonde avec d'autres étudiants : Liu Jipiao, Wang Daizhi, Wu Dayu, Zeng Yilu et Li Jinfa la Société Phébus qui organise l’exposition. L’exposition au Palais du Rhin était ambitieuse. Elle comptait plusieurs centaines d’objets : elle montrait des regroupements de jeunes artistes (notamment ceux qui comme Lin Fengmian venaient de la région de Canton), mais aussi des peintures et des objets d’arts collectionnées par des Chinois vivant en France. Par ailleurs, à cette époque, sa femme autrichienne Elisa Von Roda meurt avec son enfant mort-né en 1924. Il se remarie en 1925 avec la sculptrice Alice Vattant qu'il a connue à Dijon.
De retour en Chine, il est nommé directeur de l’École spéciale Nationale des Arts de Beijing. Il s’applique à effectuer une synthèse des arts occidentaux et chinois, réel représentation des tumultes chinois de la période entre occidentalisation et prise de conscience nationale. Il imite les aspects de la distorsion et de la simplification de l’art populaire chinois en empruntant à la peinture européenne l’utilisation de couleurs riches et des coups de pinceau rapides et audacieux. Il y intègre l’aspect émotionnel des maîtres européens tels que Henri Matisse, Pablo Picasso et Georges Rouault. Ces différentes influences le conduisent à créer des peintures colorées sur un fond monochrome de dessin à la plume et à l’encre, de style traditionnel chinois. Il s'agit réellement de la fusion des deux styles. Se forme alors son style que l’on reconnaît comme le style Lin Fengmian.

"A l'intérieur de la résidence de Lin Fengmian à Hangzhou (aujourd'hui transformée en musée)", 2015, CC Wikimedia Commons, Source de l'image : 猫猫的日记本
En 1927, il devient membre du Comité pour l’éducation artistique nationale et aide à établir l'Académie des arts du Lac de l'Ouest à Hangzhou (aujourd’hui Académie des arts de Chine). Après l'invasion japonaise en 1937, une partie de ses oeuvres sont détruites et il se replie dans le Hunan, où il participe à la fusion des instituts d'arts de Hangzhou et de Beijing dans l'Académie nationale des arts. Étant le tuteur de peintres chinois qui deviendront célèbres, tels que Zhao Wuji, Li Keran, Wu Guanzhong et Xi Dejin, il est peu à peu devenu une figure centrale dans le développement de la formation artistique occidentale en Chine.
En 1945, il reprend son enseignement à Hangzhou, puis s'installe à Shanghai en 1952, où il dirige la branche locale de l'Association des Artistes chinois. En 1955 il finit par abandonner l'enseignement pour se consacrer uniquement à la peinture. A ce moment là il étudie les rapports de l'encre et la couleur à travers les styles occidentaux ou l'univers de l'Opéra chinois. Au début de la Révolution culturelle, Lin Fengmian détruit la plupart de ses oeuvres pour tenter d'éviter la prison, une bannière étant même placée sur sa maison avec l’inscription “Finissons-en avec les tyrans-intellectuels bourgeois”. Malgré tout, il est quand même emprisonné pendant plus de quatre ans en 1967, et ses oeuvres encore restantes sont brûlés. En 1977, il finit par s'exiler à Hong-Kong où il reste jusqu'à la fin de sa vie.
L’héritage de Lin Fengmian dans le monde de l’art est important. Il est l’un des premiers artistes à effectuer des emprunts à l’art occidental et fait entrer la Chine dans une sorte de mondialisation artistique tout en conservant un style proprement chinois. Malheureusement les tumultes de sa vie font qu’il ne nous reste que peu de ses oeuvres anciennes. Une partie de ses oeuvres sont en fait des reproductions d’oeuvres détruites faites en exil. Cela rend difficile leur datation pour certaines. Son oeuvre est aujourd'hui très prisée par les collectionneurs du monde entier. Depuis sa mort et le début des années 2000, Lin Fengmian connaît une forme de postérité de plus en plus importante en République Populaire de Chine, notamment à Hangzhou où son ancienne résidence a été transformée en musée. En France, sa notoriété a également augmenté, notamment depuis l'exposition de 2014 organisée au Musée Cernushi autour des Artistes chinois à Paris : de Lin Fengmian à Zao Wou-Ki (1920-1958).
L'art chinois et l'art européen - Une rencontre Anna Emilie Wehrle Cliquez sur les titres des liens (en bleu) pour découvrir des oeuvres.
Les échanges artistiques entre l’Orient et l’Occident, notamment entre l’Europe et la Chine ont une longue tradition qui est toujours actuelle et vivante. Cette influence réciproque a donné lieu à des œuvres artistiques extraordinaires tout au longue de l’histoire de l’art moderne. Un des meilleurs exemples pour cet échange artistique et l’influence de celui-ci sur les artistes aussi bien européens que chinois est Li Keran. Un des artistes les plus populaires du XXe siècle, il a été influencé pendant ses études aussi bien par des artistes européens, notamment et surtout par André Claudot que par des artistes chinois formés en Occident, propageant ainsi une influence européenne dans l’art traditionnel chinois. Pourtant, l’échange artistique est toujours d’actualité, comme il le montre Xianwei Zhu, une artiste chinoise qui travaille et vit depuis maintenant 18 ans en Allemagne. Pour illustrer cette rencontre artistique entre la Chine et l’Europe nous allons rencontrer à la fois Li Keran (au travers un entretien fictif avec un historien d’art) et Xianwei Zhu, qui témoignent de la fusion des deux mondes artistiques.
Li Keran est né dans un milieu plutôt populaire quelques années avant la fin de l’Empire chinois, pourriez-nous illustrer son parcours ? Comment a-t-il fait pour devenir un artiste si populaire ?
Li Keran est effectivement né le 26 mars 1907 à Xuzhou, la ville la plus ancienne de la province de Jiangsu, pendant les dernières années de l’Empire chinois. Même s’il vient d’une famille illettrée, il montre très tôt des dispositions artistiques et commence son éducation artistique à l’âge jeune de 13 ans : il devient élève d’un peintre situé à Xuzhou. Il a ensuite pu continuer son éducation à l’école des beaux-arts de Shanghai, où il étudie à la fois l’art occidental et la peinture traditionnelle chinoise.
Est-il à Shanghai qu’il commence alors à s’intéresser à la fusion de l’art européen et chinois ?
Effectivement, c’est pendant ses études à Shanghai qu’il assiste à trois lectures données par Kang Youwei, qui excelle dans l'analyse de la peinture académique de Song et de la tradition réaliste de la Renaissance européenne. Son idéal de fusionner l’art occidental et oriental pour créer un nouveau siècle d’art chinois influence profondément Li Keran et l’inspire pour le reste de sa vie artistique.
Mais l’influence européenne ne reste qu'indirecte pendant son éducation ?
Oui et non. En effet, après avoir fini sa formation à l’école des beaux-arts de Shanghai il intègre l’académie des arts de Chine à Hangzhou en 1929. Il étudie la peinture à l’huile et le dessin et auprès de notamment deux professeurs, Lin Fengmian, formé en France, et surtout du peintre André Claudot. L’influence de l’artiste français est notamment visible à travers le style que Li développe à la sortie de l’académie, qui est très abstrait et structurel en montrant des influences fortes européennes, notamment de l’expressionnisme allemand.
Suit-il alors ce chemin de fusion entre les deux mondes artistiques pendant tout son œuvre ?
Après la fin de ses études, il continue de créer des œuvres qui sont clairement influencés par les écoles européennes. Mais c'est aussi un artiste engagé, comme beaucoup de ses amis de l'époque. Il rejoint plusieurs organisations artistiques de gauche, socialistes et marxistes avant de s’installer à Chongqing où il devient ami avec Xu Beihong et Fu Baoshi. Après la fin de la guerre sino-japonaise, il commence à peindre des scènes et objets de la vie traditionnelle chinoise, en utilisant une nouvelle approche technique de l’encre éclaboussée.
Pourtant il a opéré un tournant à partir de 1935. Après une visite de la Cité interdite, il se tourne en effet de nouveau vers la peinture traditionnelle chinoise et continue pour plusieurs années de peindre des paysages traditionnels dans le style du XVIIe siècle. Jusqu’à un voyage au sud de Yangtze, il continue à peindre des paysages traditionnels, même s'il sont aussi influencés par l'art européen, notamment parce qu'il introduit la technique occidentale du contraste. Pendant ce voyage, son œuvre subit à nouveau un changement. Il modifie sa façon de peindre la nature, les paysages; ces oeuvres deviennent en effet plus abstraites. Li Keran, Maître de la peinture chinoise - Extrait de documentaire (en chinois) Pendant tout le reste de sa carrière, il va s’intéresser à cette nouvelle manière de peindre des paysages, en utilisant aussi bien des techniques traditionnelles chinoises qu'européennes, sous l’influence aussi bien de l’Occident que de l’héritage culturel et artistique chinois.

Li Keran et Rammanohar, Pékin vers 1957, collection privée - CC Wikimedia Communs - Li Keran with Rammanohar
L’œuvre de Li Keran est donc alors caractérisée par les représentations des paysages au travers d’une métamorphose entre art européen et chinois, un sujet qui n’a pas cessé d’intéresser l’art contemporain. Un merveilleux exemple de ces circulations et ces transferts artistiques encore présent aujourd'hui se trouve dans l’art de Xianwei Zhu. Né en 1971 à Qingdao, il étudie de 1989 à 1996 à l’Université du Shandong et à l’Académie des arts de Chine à Hangzhou, l’école succédant à l’académie des arts de Chine à Hangzhou à laquelle Li Keran fût une partie de ses études. Il complète ses études à l’Académie d’État des Beaux-Arts de Stuttgart en Allemagne entre 2003 et 2008. Depuis il vit et travaille entre l’Allemagne et Beijing. Monsieur Zhu, votre œuvre est clairement caractérisée par des influences européennes et chinoises. Est-ce depuis votre arrivé en Europe ?
De manière délibérée et réfléchie, je n’ai commencé à faire une forme de mélange entre peinture occidentale et orientale qu’à partir de 2014, avec des représentations de paysages. Avant mes études dans une école d'art en Allemagne, j’avais déjà reçu une formation en peinture chinoise à l'Académie des Beaux-arts de Hangzhou. Il fallait alors apprendre à peindre et comprendre des motifs comme les fleuves, les plantes, les arbres et les fleurs et pour cela il fallait aller dans la nature et l’observer profondément. Il fallait également copier des anciens chefs-d’œuvre et s’entrainer dans l’art de la calligraphie. Pendant mes études en Chine je me suis aussi intéressé à l’art occidental et la façon de penser de l’Occident, ce qui m’a mené en Allemagne où j’ai approfondi mes connaissances de l’art occidental. C’est surtout les maîtres allemands comme Baselitz, Anselm Kiefer et Gerhard Richter qui me plaisaient beaucoup et continuent à le faire. Ils m'ont sans doute influencé.
Et y a-t-il eu un moment déclencheur pour votre retour à vos racines chinoises ?
Je les avais depuis longtemps oubliées, mes racines, jusqu’au moment où j’ai découvert le poète Hanshan, « La montagne froide ». Sa poésie m’a fait redécouvrir mes origines et je me suis alors réorienté vers mes racines en retournant à la peinture des paysages, mais avec des intermédiaires occidentaux.
Vous vous inscrivez alors dans une longue tradition des artistes chinois qui se sont intéressés à cette forme de fusion artistique entre la Chine et l’Europe.
Effectivement, cette pensée existe depuis le début du XXe siècle en Chine. Beaucoup d’artistes ont suivi ce chemin comme par exemple Zao Wou-Ki qui a vécu à Paris, et qui est aussi un de mes artistes préférés. Un de mes artistes préférés chinois est Huang Binhong. Les deux traditions sont des sources pour mes travaux et les nourrissent.
Sources:
WAN, Q.L, XINDAN, G. Li Keran. Britannica, 22 mars 2020 [consulté le 7 mai 2020]. Disponible sur : https://www.britannica.com/biography/Li-Keran
Li Keran. Wikipedia, 10 juillet 2018 [consulté le 7 mai 2020]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Li_Keran#britannica
Li Keran. Artnet [consulté le 7 mai 2020]. Disponible sur : http://www.artnet.com/artists/li-keran/biography
Entretien avec Xian Wei Zhu effectué le 5 mars 2020.
Chu Teh-chun
Eleuthère Lamare
Entretien (imaginaire) avec Chu Teh-Chun dans le cadre d'une (imaginaire) rétrospective Lin Fengmian à Dijon – 10 novembre 2000
Alors que nous fêtons cette année le centenaire de la naissance de Lin Fengmian, le musée des Beaux-Arts de Dijon organise une rétrospective sur l’artiste chinois qui a passé une partie de sa vie dans la cité bourguignonne. Dans notre série de rencontres avec les personnalités qui ont connu Fengmian, nous accueillons aujourd’hui Monsieur Chu Teh-Chun, élève de Fengmian et illustre peintre de l’abstrait installé en France depuis maintenant quelques années.
Bonjour monsieur Chu. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer en quelques mots votre relation avec Lin Fengmian ?
Je suis un artiste chinois, peintre de l’école de l’abstrait avec toutefois une appétence particulière pour les représentations de paysages. Mon rapport avec Lin Fengmian est tout simple, j’ai été pendant plusieurs années son élève. En effet en 1935, pour développer mes talents de peinture et me lancer dans le monde de l’art, j’intègre l’école des Beaux-Arts de Hangzhou. J’ai beaucoup de chance de naître dans une famille assez fortunée, ce qui me permet d’accéder à des études, ce qui est assez difficile pour la population moyenne de l’époque, qui plus est dans le domaine de l’art, qui reste réservé à une élite favorisée. Le professeur Fengmian est alors un professeur très respecté ; en 1925 il revient de 7 ans d’études d’art en Europe, entre Berlin, Dijon et Paris. Là-bas, il est l’un des premiers peintres chinois à être exposé. A son retour, il organise de nombreuses autres expositions où il développe beaucoup son style, sorte de synthèse entre peinture chinoise et occidentale. Il devient rapidement la référence en terme d’art moderne chinois. C’est donc un immense honneur pour moi de l’avoir comme maître. Son style m’inspire beaucoup, notamment car ses inspirations européennes me parlent énormément et correspondent à mon style de peinture.
Le peintre bourguignon André Claudot joue-t-il un rôle important dans la transmission entre art moderne chinois et peinture occidentale ?
Assurément oui, il a joué un rôle d’autant plus important que c’est un ami de longue date de Fengmian. C’est lui qui le conseille de le rejoindre en Chine en 1926. Si au début de son voyage, sa peinture est jugée comme provocatrice, il est ensuite reconnu comme un artiste très important. Lin milite pour sa nomination dans plusieurs instituts qu’il dirige, et Claudot sera le maître de nombreux élèves chinois qui sont aujourd’hui célèbres.
Néanmoins, la situation politique vient rapidement interrompre la suite de vos études…
Oui, la guerre sino-japonaise qui éclate en 1937 oblige le repli des universités vers l’ouest. Néanmoins, je continue pendant quelques années mes cours avec Lin Fengmian.
Comment est-alors perçue sa peinture ?
Sa peinture nous inspire tous, à la fois parce qu’il a réussi à prendre le meilleur de la peinture occidentale des années 20, mais aussi parce qu’il s’inspire d’éléments orientaux et chinois plus traditionnels. Il rompt également avec plusieurs règles de base de la peinture chinoise, ce qui rend ses œuvres si modernes à nos yeux. En résumé, sa peinture est à la fois accessible et très moderne donc plutôt complexe, dans le choix des couleurs ou des motifs.
Qu’est-ce qui change à la fin de la seconde guerre mondiale ?
En 1949, la République populaire de Chine est proclamée. Si le pouvoir précédent voyait d’un bon œil le développement de l’art moderne chinois, les communistes de Mao apprécient beaucoup moins ce qu’ils considèrent rapidement comme une déviance… Je pars m’installer en Europe dès 1955, mais Fengmian, retiré des universités depuis 1952 continue sa carrière en Chine. C’est la révolution culturelle qui le rattrape en 1966. Il est obligé de détruire certaines de ses œuvres jugées comme déviantes. Il vit une véritable période de mise au ban des artistes chinois, qui sont alors souvent des dessinateurs officiels commandités par le régime pour réaliser des œuvres de propagande. Très peu pour Lin, qui choisit de rester à l’écart du mouvement politique. Coupable de cette déviance occidentale, il est emprisonné pendant quatre ans. En 1977, juste après la mort de Mao, il quitte la Chine pour Hong-Kong. Là-bas, il connaît une période de reconnaissance de son vivant. De nombreux artistes occidentaux s’intéressent à son travail. Il meurt en 1991.
Comment analysez-vous son style et son influence sur l’art chinois contemporain ?
Il faut bien comprendre que Fengmian est l’un des premiers à peindre à la rupture de l’art traditionnel chinois. S’il s’inspire du monde oriental, son utilisation de techniques ou de représentations issues du monde occidental est alors révolutionnaire. Il utilise beaucoup la technique des pinceaux de calligraphie, néanmoins, il use beaucoup de couleurs vives qui tranchent fortement avec l’univers noir et blanc proposé par les artistes chinois à cette époque. Il rompt également avec certains thèmes classiques chinois, n’hésitant pas à bouleverser les dogmes. La représentation du vide, quasiment incontournable dans la peinture chinoise, est absente dans les tableaux de Fengmian, très remplis et riches. L’expression des sentiments se développe aussi au fil de ses toiles. Pour moi, son apport principal à la peinture chinoise est l’utilisation en abondance des couleurs, qui va inspirer de nombreux artistes chinois contemporains, dont moi-même. Il suffit de regarder les couleurs chatoyantes des arbres de son tableau Autumn twilight in a forest (1960) pour en être convaincu. Il pense fondamentalement que l’art chinois doit être réformé. C’est aussi son histoire, entre peintre chinois ouvert sur le monde mais victime des persécutions communistes qui fait de cet homme un peintre si particulier.
Merci Monsieur Chu pour cet entretien.




Commentaires